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se reproduire, mais il parvint à les modérer ; et depuis lors, on ne vit plus trace de ses anciennes agitations, rien qu’une sollicitude toujours en éveil pour le salut commun.

Nous avancions en bon ordre, quand tout à coup une vive fusillade se fit entendre : c’était notre avant-garde qui, en longeant un bouquet de bois, avait été attaquée par un parti d’infanterie en embuscade. Quelques balles étant venues tomber par-dessus les rangs, dans un groupe de femmes qui marchaient tranquillement à côté des soldats, il s’y était fait une telle explosion de clameurs que nous ne savions ce qui arrivait. Cet effroyable tumulte dura peu ; nos hommes, se jetant résolument sur l’ennemi, le délogèrent et allèrent le poussant jusqu’à la première pente du plateau où était la ferme de Laguna. Sur ce point cependant, les Paraguéens se reformèrent, y tinrent quelque temps, se rapprochèrent ensuite pas à pas de leurs chevaux, et enfin, tandis que les uns, déjà en selle, s’éloignaient à toute bride, d’autres faisaient mine de résister pour couvrir leurs camarades fuyant à pied en pleine déroute. À la suite de tout ce désordre apparent, par