supériorité de nos adversaires. Assuré des excellentes dispositions de ses hommes, il résolut d’enlever le camp paraguéen, et désigna pour l’exécution de ce coup de main le 21e bataillon de ligne et le corps démonté des chasseurs. La matinée du 5 était fixée pour l’action ; mais elle n’eut lieu qu’un peu plus tard.
La cause du délai fut que, dans cette soirée même, à neuf heures, un horrible ouragan se déchaîna sur la campagne. Des torrents de pluie eurent bientôt transformé le sol en marécage bourbeux. Ces phénomènes terribles ne sont pas rares au Paraguay, mais nous n’avions encore rien vu de pareil. Les éclairs qui se croisaient sans cesse, la foudre qui tombait de tous côtés, le vent furieux qui emportait tentes et baraques, formaient un chaos à l’horreur duquel se mêlaient de temps à autre les coups de fusil de nos sentinelles contre des ennemis diaboliques qui ne cessaient alors même de nous harceler : nuit interminable où tout était pour nous image de destruction. À la merci de toutes les colères de la nature, sans abris ni refuges, les soldats presque nus, ruisselants d’eau, plongés jusqu’à la ceinture dans des courants d’une