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Dans ce trouble d’esprit, et à défaut de données certaines pour le choix d’un parti, les réfugiés, consultés indirectement, commencèrent, avec plus d’avantage qu’ils ne l’avaient fait jusque-là, à parler d’une ferme nommée Laguna, à quatre lieues environ de Bella Vista, faisant partie des domaines du président de la République et consacrée à l’élève des bestiaux. On y trouverait, disaient-ils, de grands troupeaux, on y aurait une position sûre et une forte base d’opérations. Puis, comme cette suggestion paraissait ne pas déplaire au colonel, plusieurs officiers qui l’entouraient et qu’il semblait consulter, se laissèrent entraîner. « Pourquoi, s’écriaient-ils, n’irions-nous pas jusqu’à la Conception, comme on nous en jette le défi ? Sommes-nous venus si loin pour reculer ? Pourvu que l’on puisse compter sur un quart de ration, il n’y a pas un seul de nos hommes qui hésite un moment à suivre ses chefs, et qui ne désire tenter avec eux la fortune du Brésil. »

À la tête des plus ardents, on voyait le capitaine Pereira do Lago, officier entreprenant non moins que positif et peu flexible. Doué d’un courage qui s’exalte aisément et ne retombe