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la dilapidation générale. Ce sac d’ailleurs était légitime, et on n’aurait pu sans injustice en refuser la joie aux soldats, qui l’avaient acheté et payé d’avance par des mois de privations et de famine. Des huit ou dix maisons de la Machorra, deux étaient déjà réduites en cendres par le feu que les Paraguéens eux-mêmes y avaient mis ; les autres furent préservées par les soldats brésiliens ; quelques pièces de charpente, quelques poteaux embrasés servirent à cuire les patates, le manioc et les volailles de l’ennemi. La Machorra, surnommée ferme du président Lopez, n’était en réalité qu’un terrain usurpé, cultivé par ses ordres au delà de sa frontière. Le travail des envahisseurs, fructueux comme il l’avait été, ne faisait qu’ajouter au festin la satisfaction d’un sentiment de revendication nationale ; le colonel l’autorisait par un air de gaieté qu’on ne lui avait pas encore vu.