Page:La Retraite de Laguna (Plon 1891).djvu/108

Cette page a été validée par deux contributeurs.

soldats lui causèrent un plaisir dont l’expression, malgré sa réserve habituelle, fut visible pour tout le monde.

Les auxiliaires indiens, Guaycourous et Térénas, ne furent pas les derniers à se présenter pour prendre part au butin : ils avaient, au contraire, montré peu d’empressement pour la lutte, à ce point que, dans notre course, en les dépassant, nous leur avions crié : « Avançons donc, braves camarades ! » Maintenant leur indolence avait fait place à une ardeur de pillage sans bornes. Ils s’étaient déjà répandus jusque dans les plantations de manioc et de cannes, et ils en rapportèrent en un instant des charges sous lesquelles ils pliaient, mais sans ralentir leur marche.

Il y avait encore un reste de crépuscule quand le gros du corps arriva ; ce fut le moment de la cohue et du désordre : tant d’objets étaient exposés à la vue, entassés pêle-mêle sans maître et voués à la destruction ! Chacun prit sa part ; et les moins favorisés furent enfin ceux qui se trouvaient avoir le plus de droits au butin, l’ayant conquis sous le feu de l’ennemi et gardé comme propriété publique jusqu’au moment de