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sance de notre artillerie. Le parti tout entier prit la fuite et ne reparut que devant la ferme de la Machorra, à la frontière.

Arrivés ce soir-là au bord d’un gros ruisseau que les Espagnols appellent Sombrero, nous allâmes camper dans le triangle qu’il forme à son confluent avec l’Apa. Nous admirions cette belle rivière, limite des deux pays, et dont l’aspect, avec son bois épais, nous avait si vivement émus quand nous l’avions d’abord aperçue de loin. Un grand avenir lui est réservé après la guerre.

L’Apa sort par trois sources, bientôt réunies, de la chaîne des monts Doïrados, un peu au-dessous de la colonie militaire de ce nom, à douze lieues est-sud-est de celle de la Miranda, coule d’abord à l’ouest, dix degrés nord, jusqu’au fort de Bella Vista, qui est sous le 22e parallèle, et de là, tournant à l’ouest, dix degrés sud, va, par un cours légèrement sinueux, baigner Sainte-Marguerite, Rinconada et autres points fortifiés, jusqu’au Paraguay, dans le lit duquel ses eaux se perdent.

Le colonel, en arrivant, demanda qu’on lui donnât de l’eau, de cette eau même de l’Apa,