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CHRONIQUES
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Mais que prouve le mouvement gréviste anglais? Il prouve que l’opportunisme des chefs travaillistes, comme des chefs bourgeois, a été impuissant à empêcher la classe ouvrière d’entrer en lutte pour la défense de ses intérêts vitaux.
On sait l’origine du conflit : refus par l’Etat de continuer à payer la différence entre le taux des salaires accordé par les patrons et celui réclamé par les ouvriers. Mais ceci n’est qu’un prétexte. En réalité, la grande bourgeoisie anglaise met à exécution un programme économique indispensable pour soutenir la concurrence internationale : augmentation de la journée de travail, diminution des salaires. L’impérialisme anglais battu en brèche sur tous les marchés du monde, mieux, dans ses propres dominions par son rival américain, se voit obligé de réduire à la portion congrue la classe ouvrière métropolitaine. D’un seul coup, les patrons anglais, avec la protection de l’Etat abolissent une série de « réformes » obtenues au prix de laborieux marchandages par les crades-unions.
]7.i*ynifi jiii’n]] niêrn" tomos trois million 12et demi de prolétaires « embourgeoisés » reviennent à l’action de classe, obligeant leurs chefs à déclancher un des plus vastes mouvements de grève générale qu’aie connu un prolétariat organisé d’une grande nation capitaliste. « Tout est fini ! » disait tristement un des leaders travaillistes, après sa dernière entrevue avec M. Baldwin, tandis que son collègue, S. H. Thomas, secrétaire du syndicat des cheminots, ajoutait : « C’est une bien triste affaire /» Or, ce qui est fini dans tout cela, la bien triste affaire, c’est la mort de cet esprit opportuniste néfaste qui a annihilé pendant la seconde moitié du xixe siècle et les vingt-cinq premières années du xx° le mouvement ouvrier er Gran de-Bretagne.
J’ai parlé de cette grève des mineurs anglais à titre d’exemple que. tout révolutionnaire européen doit méditer. Il me semble impossible qu’un tel mouvement s’oriente immédiatement dans un sens révolutionnaire, car il est encore bien trop soumis à l’influence des chefs réformistes; mais il achemine le prolétariat anglais inévitablement vers une issue révolutionnaire, après la liquidation du trade-unionisme. La réalité de la lutte des classes, qu’il s’agisse de n’importe quel Etat capitaliste, apparaît ainsi malgré ses détracteurs impuissants inaltérable, quelles que soient les conditions d’existence où se trouve placé le prolétariat considéré dans son ensemble, voire même dans ses fractions privilégiées. Une fois pour toutes, il s’agit de réaliser intégralement ce que représente la classe ouvrière, ce que vaut sa mission révolutionnaire, et dans l’action tout au moins —pour ceux qui ne veulent se lier auparavant par aucune doctrine d’ordre matérialiste •— la re-
joindre en toute circonstance, sans débat. Toute autre position est forcément contraire à l’esprit révolutionnaire.
Marcel FOURRIER.
P. S.
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Cet article a été écrit le 4 Mai,secondjour de la grevagénéraleen Angleterreet à la veille de la rupture dela conférenced’Oudjda. Depuis cette datelesévénementsont évolué,apportanteux-mêmes une premièrevérificationde ma thèse — M.F. LIBERTÉ,
LIBERTÉ
CHÉRIE
I
Une ceinture de cristal enveloppe le corps de la morte, ce sont les baisers qu’elle a donnés. La vie ne laisse d’autre trace que celle des baisers. La vie, nous disons la vie, pourdésigner cette petite chambrée aux murs demarbre où nos mains glissent désespérément, sans fin. Il faudrait en sortir pour atteindre l’absolu Mon existence’^estlimitée par ma conscience, ma conscience qui s’oppose à l’absolu. L’absolu, dans cette forêt bleue j’entre en tremblant, les yeux brouillés par l’habitude de la soidisant réalité, qui n’est qu’une des formes de ma pensée même.
Le moi ne peut être qu’identique à l’infini. J’en arrive ainsi à nier l’individu. Je nie la vie. Le moi étant l’infini, l’infini est le moi. Il n’y a pas de place pour la personnalité. Ce n’est pas ma pensée qui m’apprendra quoi que ce soit. Le moi est en dehors de ma pensée. Des considérations de cet ordre nous amènent à rechercher les endroits où nous pourrions battre une brèche dans cette dure prison qui nous enferme.
L’étude du rêve est un de ces moyens-là ; elle ne peut que "détruire de façon définitive la croyance à une quelconque réalité en dehors de l’idée.
Débarrassés ainsi de toute entrave venant de cette réalité, nous entrons dans le domaine de l’absolu.
L’absolu se confond avec la liberté. La morale qui en résulte, la morale delaliberté, on peut prévoir dans quelle opposition elle nous met avec la société, l’histoire. Nous, sommes incapables désormais de nous plier à quelque commandement que ce soit, si ce n’est à la dictée de l’absolu. Les hommes, voyez-vous, sont les foutus instruments de la pluie et du vent et sèment les petites erreurs au gré des saisons, un scandale. La nullité dont ils font preuve dans l’emploi de leurs facultés moyennes, dans l’art ou dans la mécanique, par exemple, laisse prévoir combien ils seront désemparés dans le