Page:La Révolution surréaliste, n07, 1926.djvu/3

Cette page n’a pas encore été corrigée

AlanHaï)

L’ENCLUME

DES

FORCES

Ce fleuve, cette nausée, ces lanières, c’est dans ceci que commence le Feu. Le feu de langues. Le feu tissé en torsades de langues dans le miroitement de la terre qui s’ouvre comme un ventre en gésine, aux entrailles de miel et de sucre. De toute sa blessure obscène il bâille ce ventre mou, mais le feu bâille par-dessus en langues tordues et ardentes qui portent à leur pointe des soupiraux comme de la soif. Ce feu tordu comme des nuages dans l’eau limpide, avec à côté la lumière qui trace une règle et des cils.

Et la terre de toutes parts entr’ouverte et montrant d’arides secrets. Des secrets comme des surfaces. La terre et ses nerfs, et ses préhistoriques solitudes, la terre aux géologies primitives où se découvrent des pans du monde dans une ombre noire comme le charbon. La terre est mère sous la glace du feu. Voyez le feu dans les trois rayons, avec le couronnement de sa crinière où grouillent des yeux. Myriades de myriapodes d yeux. Le centre ardent et convulsé de ce feu est comme la pointe écartelée du tonnerre à la cime du firmament. Un absolu d’éclat dans l’échauffourée de la force. La pointe épouvantable de la force qui se brise dans un tintamarre tout bleu. Les trois rayons font un éventail dont les branches tombent à pic et convergent vers le même centre. Mais ce centre est un disque laiteux recouvert d’une spirale d’éclipsés.