POEMES NATUREMORTE: TABLE,MONTAGNE, ANCRESET NOMBRIL Arp et tous vos bijoux En vérité comme vous êtes bien vêtue et bien parée. O douleurs de l’amour, anges exigeants, voilà que je VOÎISimagine à l’image même de mon amour que je vous confonds avec lui O douleurs de l’amour, vous que je crée et habille, votis vous confondez avec mon amour dont je ne connais que les vêtements et aussi les yeux, la voix, le visage, les mains, les cheveux, les dents, les yeux. J’AI TANT RÈVÊ DE TOI J’ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité Est-il encore temps d’atteindre ce corps vivant et de baiser sur cette bouche la naissance de la voix qui m’est chère. J’ai tant rêvé de toi que mes bras habitués en étreignant ton ombre à se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas au contour de ton corps peut-être. Et que, devant l’apparence réelle de ce qui me hante et me gouverne depuis des jours et des années je deviendrais une ombre sans doute, O balances sentimentales. J’ai tant rêvé de toi qu’il n’est plus temps sans doute que je m’éveille. Je dors debout le corps exposé à toutes les apparences de la vie et de l’amour et que toi, la seule qui compte aujourd’hui pour moi, je pourrais moins toucher ton front et tes lèvres que les premières lèvres et le premier front venu. J’ai tant rêvé de toi tant marché, parlé, couché avec,ton fantôme qu’il ne me reste plus peut-être, et pourtant, qu’à être fantôme parmi les fantômes et plus ombre cent fois que l’ombre qui se promène et se promènera allègrement sur le cadran solaire de ta vie. LES ESPACES DU SOMMEIL Dans la nuit il y a naturellement les sept merveilles du monde et la grandeur et le tragique et le charme. Les forêts s’y heurtent confusément avec des créatures de légende cachées dans les fourrés. Ilyatoi. Dans la nuit il y a le pas du promeneur et celui de l’assassin et celui du sergent de ville et la lumière du réverbère et celle de la lanterne du chiffonnier. Ilyatoi. Dans la nuit passent les trains et les bateaux et le mirage des pays où il fait jour. Les derniers souffles du crépuscule et les premiers frissons de l’aube. Ilyatoi. Un air de piano, un éclat de voix. Une porte claque. Une horloge. Et pas seulement les êtres et les choses et les bruits matériels. Mais encore moi qui me poursuis ou sans cesse me dépasse. Il y a toi l’immolée, toi que j’attends. Parfois d’étranges figures naissent à l’instant du sommeil et disparaissent.