TEXTES SURREALISTES Enormes perles Abîmes sans détail qui seuls m’attirez Je croise les mains oui on me passe les menottes quand je pense à vous Et pourtant je suis libre de me perdre en vous D’entretenir avec ce qui monte de vrais le moins fructueux des commerces Le Jugement est un pont, jeté mais il n’est pas si beau que mon vertige Cette théorie de jeunes filles aux gorges bleues Laissez-moi passer Laissez-moi.passer II Art des jours art des nuits La balance des blessures qui s’appelle Pardonne Balance rouge et sensible au poids d’un vol d’oiseau Quand les écuyères au col de neige les mains vicies Poussent leurs chars de vapeur sur les prés Cette balance sans cesse affolée je la vois Je vois l’ibis aux belles manières Qui revient de l’étang lacé dans mon coeur Les roues du rêve charment les splendides ornières Qui se lèvent très haut sur les coquilles de leurs robes Et l’ttonnement bondit de ci de là sur la mer Partez ma chère aurore n’oubliez rien de ma vie Prenez ces roses qui grimpent au puits des miroirs Prenez les battements de tous les cils Prenez jusqu’aux fils qui soutiennent les pas des danseurs de corde et des gouttes d’eau Art des jours art des nuits Je suis à la fenêtre très loin dans une cité pleine d’épouvante Dehors des hommes à chapeau claque se suivent à intervalle régulier Pareils aux pluies que j’aimais Alors qu’il faisait si beau «A la rage de Dieu » est le nom d’un cabaret où je suis entré hier Il est écrit sur la devanture blanche en lettres plus pâles Mais les femmes-marins qui glissent derrière les vitres Sont trop heureuses pour être peureuses Ici jamais de corps toujours l’assassinat sans preuves Jamais de ciel toujours le silence Jamais la liberté que pour la liberté III Dites-moi où s’arrêtera la flamme Existe-t -il un signalement des flammes Celle-ci corne à peine le papier Elle se cache dans les fleurs et rien ne l’aliment e Mais on voit dans les yeux et l’on ne sait pas non plus ce qu’on voit dans les yeux Puisqu’ils vous voient Une statue est agenouillée sur la mer mais Ce n’est plus la mer Les phares se dressent maintenant dans la ville Ils barrent la route aux blocs merveilleux de glace et de chair Qui précipitaient dans l’arène leurs innombrables chars La poussière endort les femmes en habits de reines Et la flamme court toujours C’est une fraise de dentelle au cou. d’un jeune seigneur C’est l’imperceptible sonnerie d’une cloche de paille dans la maison d’un poète ou de quelque autre vaurien C’est l’hémisphère boréal tout entier Avec ses lampes suspendues ses pendules qui se posent C’est ce qui monte du précipice à l’heure du rendez-vous Les coeurs sont, les rames légères de.cet oct’an perdu Lorsque les signaux tournent au bord des voies avec un bruit sec. Qui ressemble à ce craquement spécial sous les pas des prêtres 11 n’y a plus d’actrice en tournée dans les wagons blancs et or Qui la tête à la portière justement des pensées d’eau très grandes couvrent les mares Ne s’attende à ce que la flamme lui confère l’oubli définitif De son rôle Les étiquettes effacées des bouteilles vertes parlent encore de châteaux Mais ces châteaux sont déserts à l’exception d’une chevelure vivante Château-Ausone Et -cette chevelure qui ne s’attarde point à se défaire Flotte sur l’air méduse C’est la flamme Elle tourne maintenant autour d’une croix Méfiez-vous elle profanerait votre tembe Sousterre la méduse est encore chez elle Et la flamme aux ailes de colombe n’escorte que les voyageurs en danger Elle fausse compagnie aux amants dès qu’ils sont deux à être seuls Où va-t -elle je vois se briser les glaces de Venise aux approches de Venise Je vois s’ouvrir des fenêtres détachées de toute espèce de mur sur un chantier Là des ouvriers nus font le bronze plus clair Ce sont des tyrans trop doux pour que contre eux se soulèvent les pierres Ils ont des bracelets aux pieds qui sont faits de ces pierres Les parfums gravitent autour d’eux étoile de la myrrhe, terre du foin Ils connaissent les pays pluvieux dévoilés par les perles