TEXTES SURRÉALISTES
I
Le Jugement dernier avait été suivi d’un
premier classement
Puis d’un second auquel prenaient pari, les
vents et les marées
Les vaux et les monts
Et ceux qui avaient vécu par monts et par
vaux
Contre vents et marées
Formaient en avant de la troupe un arbre
à demi déraciné
Qui prenait le ciel comme un bateau qui
sombre
Il était environ -quatre heures de l’aprèsmidi
L’appareil du temps continuait à fonctionner
tant bien que mal
Il inquiétait fort les plongeuses
Ces femmes mortes d’amour
Qui hantent la piscine du ciel
Elles portent les maillots de l’ombre de
l’herbe de l’astre et du jour d’été
Quatre heures il n’était encore que quatre
heures
Et j’étais condamné depuis longtemps
J’étais condamné à gravir un escalier détruit
Comment m’y prendre
Le bord du ciel était gardé par des chats-huants
Sur la première marche un mendiant était
assis à côté d’un paon
La fièvre avait établi ses éventails mécaniques
au-dessus de tout ce que je pensais
Il ne m’arrivait que des bribes du discours
de distribution
Traitant victorieusement, de l’Oubli
Oubli j’arrive à peine
Oubli rappelez-moi au souvenir de l’Oubli
Des enfants traînaient des ballons et des
plumes
Ils étaient reçus par un grand explorateur
entouré de chiens blancs
Par ici criait-on c’est derrière le champ de riz
C’est sur l’esplanade des étoiles
J’assistais aussi à une bagarre et le théâtre
de cette bagarre était une roseraie
Mais les fleurs étaient, immenses
Comme l’offense
Le carrier surtout m’intriguait
Ses lunettes étincelantes où l’avais je déjà vu
Comme les pierres filaient à l’approche de sa
main
Comme les heures avaient passé
Les corniches livraient passage à des éclats
dégivre
Mais d’un givre qui durerait au soleil
Les premiers s’en étaient allés et les derniers
étaient ailés
La musique grandissait
Sur les barricades et dans les haies
Oiseaux-mouches oiseaux-fleurs
Les vierges seules étaient nues
Leur chair brillait comme devrait briller le
diamant
Leur repentir taisait peine à voir encore
Dans leurs cheveux un croissant pâle et leur
cœur transparent était un croissant aussi
Les juges dont le manteau était l’ait de toutes
les hermines
Ne parvenaient pas à détourner les yeux
du Buste étrange qui changeait toujours
Ce Buste avait été tout le monde et moi-même
11était maintenant un croisement de branches
dans une forêt
Sur l’une il y avait un nid
Mais dans le nid hélas il n’était à jamais
que quatre heures
J’ai déjà dit que j’étais condamné
Mais quoi il fut dix heures du matin
Il fut à nouveau temps de ramasser les guides
Les chevaux avaient faim
On vit passer une voiture sans frein pour les
descentes
On vil des oiseaux s’échapper par la portière
lit l’on dit qu’une femme était endormie sur le
marche-pied
Je suis celui qui ne sait qui vit ni qui meurt
Celui qui brûle de ne pas savoir
Celui qui sait trop bien qu’il brûle et qu’il
sait
Abîmes rassemblement des lueurs que je
n’ai pas