POËMES LA MORT HÉROÏQUE DU LIEUTENANT CONDAMINE DE. LA TOUR On sait que le sujet proposé par l’Académie Française pour le prix de poésie de 1927 est « la mort héroïque du lieutenant Condamine de la Tour », tué l’été dernier au Maroc, à la tête de sa section de tirailleurs. Notre collaborateur, Benjamin Péret, inspiré particulièrement par cette action d’éclat, présente dès maintenant au jury académique le poème ci-dessous où est apprécié à sa juste valeur le haut fait d’armes de son compatriote. Depuis sept siècles Condamine de la Tour les bras en aiguilles de pendule marquant neuf heures un quait debout sur son boite tricolore commandait ses quatorze homards. Par sa cervelle percée les brises chantaient Doscendras-tu cochon de vendu Mais du ciel noir comme le front de ses pères aucune langouste ne venait secourir ses homards Seul, parfois le bref éclat d’un ongle Vavertissait que les marmites changeaient de sexe et que les laitues perdant leurs oreilles accouraient lui demander le secret de ses poils Soudain dans l’air barbu un clou s’enfonça avec un bruit de ténèbres un clou bleu et vert comme un matin de printemps 2.437 punaises sortirent de sou nez 4.(528lampions pénétrèrent dans ses oreilles. Il cria Moi Condamine de la Tour je cherche des massacres des enfants dans des souliers de nuages et le soldat inconnu dans le placard Mais jésus a jeté le soldat inconnu dans sa poubelle et les porcs Vont mangé et les Alsaciens ont mangé les porcs C’est ainsi que tu as grandi Condamine de la Tour que tu as grandi comme un porc et le nombril du soldat inconnu est devenu le tien Mais aujourd’hui jésus a mis ses pieds dans ta gidouille qui lui sert de sabot les deux pieds dans le même sabot C’est pour cela qu’on l’a fait dieu et que ses curés ont des chaussures semblables à leur visage Pourris Condamine de la Tour pourris Avec tes yeux le pape fera deux hosties pour ton sergent marocain et ta queiu; deviendra son bâton de maréchal Pourris Condamine de la Tour pourris ordure sans os. LA MORT DE MADAME COGNACQ A l’âge où les enfants roulés dans le sable tels des escalopes panées cherchent le chemin du centre de la terre la mère Cognaeq les seins lourds du lait que sa mère lui avait légué ramassait ses aiguilles briséespour fabriquer des canons Un jour le canon de ses rêves fut fondu puis vendu aux ennemis par le père Cognaeq En souvenir de cet événement la Samaritaine fut ouverte Et chaque matin en s’y rendant la mère Cognaeq ramassait le crottin de ses chevaux pour les pissenlits de son époux Hélas elle est crevée la mère Cognaeq elle est crevée comme la France