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CES ANIMAUX DE LA FAMILLE (Fin *) Le naja se dresse devant l’assistance et dit : —- Monsieur Petite Moustache relevée en croc avec l’oreille gauche fendue, dites-moi à quoi on reconnaît l’âge d’un cynocéphale dont la fesse droite est bleue et la gauche tango ? Le jeune, homme. — Les j)oils du cou du cynocéphale sont de la couleur de sa fesse droite et sur sa langue est tatoué en morse le signe S. O. S. Le cynocéphale est né. le jour de l’attentat du restaurant Foyot. Le. naja. -- Oui, mais sa queue porte à son extrémité une fourchette en feuilles de palmier. Qu’en concluez-vous ? Le jeune, homme. - Qu’il s’agit d’une femelle dont la progéniture a peuplé la forêt de Fontainebleau. Le naja. - Bien mon ami, vous êtes décoré de l’ordre, du casoar qui a avalé un roekingchair. lit le naja eût continué son cours sans l’intervention de l’éponge, qui, sournoisement, se glissa le long de l’échiné du serpent et effaça ses lunettes en sorte, que le. reptile ne fut plus aux yeux de ses auditeurs qu’un vulgaire balai oublié par quelque domestique insoucieux de sa consigne. Mais l’éponge ne devait pas tarder à regretter son geste. Le tableau noir s’illumina d’éclairs. Une détonation sourde, réjiétée par des milliers d’échos, se traîna comme un camion dont, le conducteur, secoué d’un rire inextinguible, avale toutes ses dents une à une et laisse la bride flotter sur l’encolure des chevaux. Ils en profitent pour conduire l’attelage dans la vallée, des vautours gelés. Cent trente-sept rangs de vautours s’alignaient dans la vallée bordée au nord juar un lama, au sud jiar un morse, à l’est par une girafe, et à l’ouest par un éléphant. Le camion arrive là comme une flèche dans un gigot. Tous les vautours qui se tenaient sur une patte battent des ailes et crient ensemble et en cadence : « Un champion ! Un champion ! » Les vautours s’envolent comme des mouches, mais restent au-dessus de la vallée et crient toujours : « Un champion ! Un champion ! » Mais lorsque le camion arrive au milieu de la vallée les vautours se taisent. Le camion s’arrête. Une voix grave s’en élève : « Les fourmiliers, en avant... Marche!... »Et une nuée de fourmiliers sort du camion et se répand dans la vallée. C’est alors que l’hippopotame prend possession de la chaire du professeur de chimie et commence son tours : Animaux obliques aux fesses de canards, voyageurs sans éventails, arbres sans forêts, fleusr liquides, cerveaux plats, orteils du monde, grandes clavicules du chimpanzé dont la tête en forme de tomate a servi de tremplin à 30.000 colibris si chatoyants que ma maîtresse en voulait faire une robe qui par ses jjépiements eut avantageusement remplacé un orchestre de violons destinés non pas à jouer des fox-trotts ou des shimmys mais à dorer convenablement des brioches. Et nul doute que l’orchestre eut réussi si... Ah si I si moi ?... Si la lune avait été de la couleur de mes chaussettes, mais la lune, cette nuit là n’était jias plus grosse qu’une prune, la lune cette nuit-là était un oeuf d’ornythorinque que. nulle femelle ne couvait. Aussi cet oeuf au lieu de donner naissance à un animal de cette espèce produisit-il un petit écureuil fort ennuyé de remplacer la lune, mais je vous le demande, que pouvait-il faire pour échapper à son sort ? ’îout juste s’il lui était possible de simuler le vol long et souple des albatros qui ont cueilli sur le pont d’un navire en perdition une orange, qu’ils supposaient être une tête humaine. O Albatros, toi dont le bec sert à barrer mes /, qu’as-tu l’ait de ta femelle l’abeille, car je ne veux pas croire, que ce stupide insecte est ou a été ta semblable. Dis-moi plutôt que ce ronflement de dormeur est le produit du croisement des fleurs carnivores et des pékinois. Du fond de la salle une voix tonitruante s’élève : — Levez-le pied, escargot. C’est une antilope blonde, comme une déesse qui interrompt ainsi le majestueux hippopotame et voici qu’ils s’injurient : L’hippopotame. Sécrétion nasale, qu’as tu l’ait de la saveur de tes poils ? L’antilope. Millions d’oiseaux d’or... L’hippopotame. J’ai connu au cours d’un voyage dans le. tronc d’un mancenillier une petite chèvre grosse comme, mon oeil qui n’avait d’autre but que d’accélérer le mouvement de la sève de ce végétal en absorbant, l’oxygène qui de la sorte n’avait plus besoin d’atteindre, les feuilles[jour se répandre dans les oreilles des singes. Mais un jour une petite autruche s’assit à son ombre et murmura : « Quarante douzaines de perdreaux. » Et le. lendemain sa mère ne la retrouva plus. Sous le. mancenillier il n’y avait que le squelette d’un crapaud. L’antilope. D’une grenouille, tu veux dire, verrue humide. L’hippopotame. Quarante douzaines de perdreaux ! Cédait un crapaud jmisque ses oreilles ressemblaient à une anguille. L’antilope. Quarante douzaines de perdreaux !

Mais ses yeux étaient en bois de 

teck, donc c’était un crapaud. L’hippopotame. - Veux-tu que je t’avale ? Voirle n» 5 de la 11.S.