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POEMES ESPOIRS Les astronomes poétisants sont bien joyeux. La journée est radieuse la place pleine de soleil. Sur la vérandah ils sont penchés. Musique et amour. La dame trop belle Je voudrais mourir pour ses yeux de velours. Un peintre a peint une énorme cheminée rouge Qu’un poète adore comme une divinité. J’ai revu cette nuit de printemps et de cadavres Le fleuve charriait des tombeaux qui ne sont plus. Qui veut vivre encore ï Les promesses sont plus belles. On a Mssé tant de drapeaux sur la gare Pourvu que l’horloge ne s’arrête pas Un ministre doit arriver. Il est intelligent et doux il sourit Il comprend tout et la nuit à la lueur d’une lampe fumante pendant que le guerrier de pierre dort sur la place obscure Il écrit des lettres d’amour tristes et ardentes. UNE VIE Vie, vie, grand rêve mystérieux ! Toutes les énigmes que tu montres ; joies et éclairs... Visions qu’on pressent. La voiture de déménagement tourne l’angle de la rue. Portiques au soleil. Statues endormies. Cheminées rouges ; nostalgies d’horizons inconnus. — Belles journées affreusement tristes, volets clos. — Et l’énigme de l’école, et la prison et la caserne ; et la locomotive qm siffle la nuit sous la voûte glacée et les étoiles. — Toujours l’inconnu ; Véveil le matin et le rêve qu’on a. fait, obscur présage, oracle mystérieux ; que veut dire le rêve des artichauts de fer ; j’ai mal à la gorge, mes pieds sont froids, mon coeur hélas est brûlant car la grande musique de l’espoir chante toujours en lui ; mais Vamour me fait souffrir, il est si doux de se promener avec l’amie les soirs d’hiver à l’heure où de pâles lumières s’allument dans la cellule de chaque prisonnier. Et séparé d’elle on souffre comme... L’enfant réveillé dans l’heure la plus profonde de la nuit Par le bruit affreux de l’orage court pieds nus à la fenêtre et regarde à la lumière livide des éclairs l’eau couler à torrents dans les rues alors le souvenir du père qui voyage en des pays lointains Lui serre le coeur... et il pleure. Sa chambre est dans l’ombre Vaprès-midi Car le soleil le triste soleil d’hiver tourne et descend lentement. Près de sa maison il y a une gare et une grande horloge toute neuve Eclairée quand vient l’obscurité. Souvent la nuit le bruit des voitures Et des passants attardés l’empêche de dormir Alors il allume sa bougie et dans le grand silence il regarde d’étranges tableaux qui, pendent à ses murs. Près de son lit il a aussi un verre d’eau et un pistolet automatique,, et une photographie de femme au regard triste et étonné. — Et maintenant il attend, il cherche l’uiiatiê — Une guerre est finie, on veut apprendre un nouveau jeu. Je veux que mes ongles soient polis comme de l’ivoire et mes yeux beaux et purs. Je méprise celui qui ne s’intéresse pas à mot. Dans la ville on n’entend pas le chant du, coq. La détonation de la poudre sans fumée est plus sèche et plus forte. Bouchez-vous les oreilles, le coup va partir.