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et la dépression mélancolique et devins nihiliste, ayant complètement perdu la foi. mais restant néanmoins attaché à la douce figure du Christ si pure, et si indulgente. J’ai maudit tous ceux qui, prêtres, moines, évêques, ont brisé mon avenir parce que j’étais obsédé par la femme, et qu’un prêtre ne doit pas penser à la femme. Race de misogynes, de sépulchres blanchis, squelettes déambulants !... Ah ! si le Christ revenait !

J’ai passé tout l’hiver, seul dans un salon..., faisant de la musique et lisant. C’est à ce moment que je pris connaissance de la R. S. et de votre Enquête sur le suicide, laquelle ne fit que m’ancrer davantage dans mon pessimisme et dans le désespoir le plus sombre... J’y ai vu des cris d’angoisse exprimant le désir du néant ou là nostalgie d’une vie, d’un au delà, où enfin nous pourrons, évadés d’ici-bas, être libres !

Je suis venu ici pour me suicider en me jetant dans le lac. J’ai essayé de le faire auprès de la villa Kattendick... J'y ai renoncé... Mais, je vous permets et vous demande de faire connaître cet événement, que l’on voudrait tenir sous silence, parce que j’ai été ecclésias- tique... C'est justement parce que j’ai été ecclésiastique que je veux que l’on sache ce que les gens d’Eglise ont fait de moi : un désespéré, un révolté et un nihiliste...

Je vous prie d’agréer, Messieurs, mes salutations distinguées. E. GENGENBACH. P. S. — Ci-joint ma photographie en abbé et en cïvil, celle de l’actrice, et une photo de la Grande-Trappe où j’étais allé faire une retraite.

TEXTES SURREALISTES Pierre Brasseur : Dans son château vil seule une femme noble jalouse des joies du peuple. Un jour elle voit passer le cortège du roi, elle a ri et depuis il y a cenl ans de cela elle rit. Elle va mourir, je crois, dans vint.1 ans, elle a donc encore vingt ans à rire. Le roi avait vu passer le peuple et jaloux de ses joies, il a pris un grand glaive d’une main et il esl allé tuer son peuple, habitant jjar habitant, — ilyacentansdecela—ilenalue un par an, ils étaient cent vingt, il a donc encore vingt ans à tuer. Quand il m’a dit cela, moi, son meilleur ami, je l’en ai dissuadé, il m’a regardé el dans ses deux yeux j’ai compris que le sel des larmes faisait l’oeuvre du picon sur le marbre de ses carapaces, cl dieu sait de quelles cara- paces il est envclopj)é,on voit les larmes quand même, niais comme des gouttes d’huile sur des glaces. Je ne suis pas l’on, el je ne dirai plus cela, non, crois-moi, il ne faut pas tuer, il ne faut pas en rire non plus, il ne faut jamais mériter des titres que l’on ne nous accroche pas à noire naissance, et tout rouge il me cria : « On me les a peut-être accrochés puisqu’il esl comblé le vicie, aujourd’hui. » I.e long et. grand propos qui louche juste à l’instant où l’on prononce des mois doubles avec des sens tripleset des couleurs quadruples, avec un seul oeil on en voit plus que la moitié, domine des choses, il a terme un oeil mais tournant l’autre il a presque tout vu saut un petit coin, un tout petit coin, avec de petits mots dont il essayait de former des guirlandes de baraques qui feraient croire ses yeux moins menteurs et susceptibles d’aimer encore quelque chose mon ciel il a un ciel à lui, il n’y plante rien car la fumée «le tout ce qui l’entoure l’empêche de voir distinctement les terrains, de juger de la qualité — il va bâtir si les briques tombent