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reviennent que rarement et comme matière à broderies; chaque voiture est munie, à la façon des arroseuses municipales, d’un dispositif qui envoie au loin de part et d’autre de la route de larges gerbes d’eau ; les pompiers,à la vue desquels l’obscurité nous dérobe, battant toute la campagne, espèrent ainsi nous atteindre ; mais notre abri est.bien choisiet nous échapponsaux gouttes d’eau. Au bout d’un long moment, nous entendons enfin les pompiers bredouilles s’en retourner vers leurs casernes. Le coeur léger du péril évité, nous poursuivons notre mission. 11

Sur la plate-forme du* tramway qui gagne l’extrémitéde l’avenue Plenri-Martin,ma soeur(?) et moi. Il faut dire que dans le rêve.qui va suivre il règne la plus grande confusion sur le sexe et l’identité apparente des personnages, quoique leur individualité ne laisse place à aucun doute. Ma compagne qui descend la première gagne l’entrée du bois. Justement le prestidigitateur grotesque est malade aujourd’hui et il a laissé dans le tramway sa fausse moustache, sa canne, son bouclieret quelquesautres accessoires. Je me déguise en prestidigitateur grotesque et je m’apprête à rejoindre la personne qui m’accompagnait: elle est vêtue en Cartouche, à moins que ce ne soit en Courrier de Lyon et brandit un gros revolveren fer blanc ; nous nous livrons à une mimique hurluberlue. Nous sommes cernés entre d’inexorables gendarmes et: de sombres"alguazilsqui se saisissent brutalement:de nous ; nous protestons vivement. Mon ami s’écrie : « Je suis Monsieur *** et voicimon ami MonsieurMorisc.Cen’était qu’une plaisanterie. » Nous n’en sommes pas moins enfermés sans ménagements dans une grande salie sans fenêtre en compagniede quelquesgardiens. Ce procédé arbitraire et vexatoire nous indigne au plus haut point. Un moment, nous sommes trois prisonniers et quatre ou cinq gardiens ; une bagarre éclate ; je suis aux prises avec le plus robuste des hommes qui nous ont enlevés; sa main est deux fois plus large que la mienne; il me triture, il me gifle, il me brise, le lâche (l ) ! ceTu dois bien boxer », lui dis-je pour l’amadouer. lin effet, il me décoche quelques coups de poings, après quoi il fait cmelques reprises tle boxe avec mon ami qui est de taille à ni résister. Le chef de nos gardiens est un homme terrible et mystérieux, son attitude nous inquiète. Je ne saurais dire tout ce qui se passe pendant les jours qui suivent. Chaque fois que j’entends du bruit derrière la. porte, j’essaye de (1)Ce.passadeà la’oucmesembleêtre l’écho«l’une manipulationà laquellemonami,ledocteur1-’..., s’est

livré!a cillesur ma personne: compressiondesyeux pourmesurerle réllexeoeiilo-cnrcliitqiio. signaler notre présence, mais les gardiens me rabrouent. Je perds de plus en plus l’espoir de sortir jamais de ce lieu et mon esprit est en proie à une étrange angoisse,malgré la douceur et la bonté grandissantede mes compagnes.Ah ! s’il n’y avait pas cette vieille maquerelle qui nous commande. Les jours passent ; nous savons maintenant que notre fin est prochaine; le dépit de notre impuissance nous prend à la gorge; l’incertitude de ce qui se prépare pour nous est surtout intolérable; l’assassinat ? la guillotine ?

et pour quelles fins ? Mon amie pleure 

doucement. Un jour notre maître nous apparaît transformé; il est vêtu d’une longue houppelande. grise ; son visage est grave ; il a l’air très bon. Peut-être est-il le chefde quelqueKu-Klux-Klan ?

Commenous étions injustes pour lui. Il 

distribue à chacun de nous une poignéede petits objets : une ampoule contenant du mercure, une ampoule contenant un liquide incolore, un morceau de charbon tendre et mat et un autre objet dont je ne me rappelle plus l’apparence. A ce moment, un déplaisant vieillard ouvre la porte ; mais nous n’avons plus envie de fuir. J’ai rapidement glisséma poignéed’objets dans la poche droite de mon manteau ; le maître m’approuve d’un regard. Une fois l’importun vieillard congédié, il nous expliqueenfinquel va être notre sort. Nous allons tous ensembleavaler ces singulières pilules,puis nous nous coucheronset notre esprit éprouverades joies ineffableset s’épurera jusqu’à atteindre une subtilité inconcevable. Le maître nous énumèreet nous décrit par avance lesphases de notre enchantement ; la drogue qui agira en dernier lieu possède des propriétés erotiques et nous procurera un inespéré rêve d’amour. Je demande au maître : ceC’est mortel ? — Oui.

Bien. » Mes compagnons,pénétrés de la volupté profondeet absolvante des martyrs, se couchent et absorbent tour à tour les singulièrespilules. Je me couche à mon tour. Le maître va de l’un à l’autre et se couchele dernier.. C’est ici le lieu de tracer le plan du local dont nous sommes les vivants fantômes.

A.

Monlit.

li.

LUdu maille.

(’..

Litcieniasivur.

1).

Lit<Uigardiencjuinieliailit.

El.

Lil desautresgardiens.