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REVES

il

tiennent, nues, et le visage masqué ; un jeune homme, désigné par le sort, part à minuit d’un village voisin et s’introduit dans la crypte les yeux bandés. Il doit faire l’amour avec les jeunes filles, jusqu’à ce qu’il ait reconnu l’une d’entre elles, rien qu’au toucher, et si celle-ci de sor côté l’a reconnu il est tenu de l’épouser). 5° Je suis au bord de la mer, sur une plage du genre de Palm-Beach,avec une amie nommée Nadia. Pour s’amuser à me faire peur et savoir si j’aurais du chagrin c!c sa mort, Nadia, qui sait très bien nager, veut faire semblant de se noyer. Mais elle se noie pour de bon, et l’on me rapporte son corps inanimé. Je commence par pleurer beaucoup, puis je finis par me consoler en faisant ce petit jeu de mots : Nadia, naïade noyée.

VUE DE MALAGA

Max Morise

I

Les personnagesde ce rêve datent de quelques années. Mon père et ma mèresont encore dans la force de l’âge, mes frères et soeursencore jeunes. Pour moi, je suis tel qu’aujourd’hui. Ma famille constitue, avec quelques personnagesque je ne me rappelle pas avoir jamais rencontrés à l’état de veille, une associationde conspirateurs. L’action se passe dans une ville de proportions restreintes. Chaquequartier, maison ou rue de cette ville est figuré par une petite chambre ou une portion de jardinet limité de murs. Le tout tient sur les pentes de l’un de ces monticulessillonnés d’allées tortueuses que l’on voit dans certains jardins publics et que l’on qualifie pompeusement de labyrinthes. L’exiguïté des lieux et la pénombre qui y règne contribuent à nous; pénétrer d’un insupportable sentiment d’oppression. La place la plus vaste du pays est une terrasse qui domine la mer ; c’est l’endroit de prédilection où nos oppresseurs (la presque totalité des habitants)

viennent en plein

soleil étaler leur luxe et leur insolence. Mon père, le chef de la conjuration, a dû s’exiler à Cannes, ville que dans les lettres qu’il nous fait parvenir secrètement il nomme Bazan pour égarer les recherches de la police. Ces lettres contiennent de magnifiques exhortations à la patience et au courage et, lorsque nous nous réunissons en grand mystère pour en faire lecture, elles nous arrachent des larmes d’émotion et de rage. Dans les lieux publics, par exemple à table, les conjurés doivent faire semblant de ne pas se connaître afin de ne pas donner prise aux soupçons des ennemis. Malheureusement il y a des gaffeurs qui laissent paraître leur indignation lorsqu’un des conspirateurs est arrêté ou malmené, et mes frères et moi sommes obligés de les rappeler à l’ordre par signes ou en faisant : Chut ! Je ne me rappelle que quelques épisodes de cette lutte contre le pouvoir établi. Une fois je passe dans un vestibule avec un de mes frères qui ne manque pas ’l'astuce pour bafouer les espions ; je l’engage à une extrême prudence car j’ai l’impression que nous sommes épiés. Et en effet, je ne tarde pas à apercevoir derrière une porte une tête qui se dissimule mal. Je monte sur un échafaudagede chaises et je me laisse tomber sur la porte cpii se brise et démasque trois femmes, parentes et amies de ma famille qui ne m’ont jamais été sympathiques ; elles ne savent comment se disculperdu flagrantdélit d’espionnage;je triomphe. Une autre fois je pars en mission avec: un OU deux compagnons. Nous quittons la ville minuscule et nous arrivons, par contraste, sur une large et longue route bordée de très hauts arbres et traversant d’immenses champs que nous devinons s’étendre à perte de vue, car la nuit est obscure. Mais notre départ a été éventé ; on lance à notre poursuite les automobiles des pompiers.Nous nous dissimulonsdans un champ de blé d’où nous pouvons observer les phares des rouges voitures et les casques luisants de ceux cpii les montent sillonnant les routes nocturnes ; les trompes avertisseuses exécutent clés airs très mélodieuxoù les deux notes qui annoncent habituellement le passage des pompiers ne