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PAMPHLET CONTRE JERUSALEM

crache à votre passage et vous êtes le rempart de la Mecque, le bouddhiste vous méprise et vous défendez le Gange,Lhassa vous est interdite et vous êtes parmi les ser iteurs des Lamas, idées blanches dans un ciel blanc. Fable cependant que ces haines politiques et utiles au bon accomplissement de la tache qui vous est assignée. Qu’il vous déteste ou qu’il vous défende, l’Occident est en proie aux pensées élevées que votre sillage entraîne ; vous êtes un élément cle désordre chez l’ennemi de l’Orient ; les passionscontre lesquellesplusieurs millénaires de civilisation méditerranéenne se sont élevés renaissent plus profondes et capables de pousser les humains aux déterminations extrêmes. Vous êtes les plus méprisés et les sacrifiés parmi les soldats de l’Asie, les bataillonnaires isolés à la merci des progroms et des lâches vengeanceset cependant vous n’avez jamais Faibli, jamais votre activité ne s’est ralentie.

Et cependant, voici que, né de la Société des Nations, un mouvement sentimental pousse vers la reconstruction de Sion et la fondation d’un Etat juif aussi ridiculeet artificielque la Pologne. Alors tous ces impurs, tous ces cerveaux mêlés qui affaiblissaient l’Europe au profit de l’Asie retourneront au pays sacré, portant avec eux ia pire des maladies de l’esprit, le scepticisme contracté durant cette expédition de deux mille ans en pays ennemis. Le trouble qu’ils portent là où ils vont ils le porteront à la vallée étroite du Jourdain, aux rives tragiques de la mer Morte. Cette force se retournera contre ce qu’elle a mission de défendreen devenant le poste avance des nations de l’ouesl et autrement dangereux que les colonies anglaises et françaises. Les Rotschilden subventionnai)!l’expéditionsioniste, vont à l’ciienutre du génie de la. race. le sais bien qu’ils sont rares ceux qui désertent et partent retrouver le fameux mur des lamentations ou des littérateurs imbécilesont cru voir en quelquesvieillards l’esprit d’Israël retournant à son berceau. L’échec d’une pareille tentative ne fait heureusement aucun doute. Le Monaco Monte-Carlodu Levant n’a pas encoreouvert son casino et, si les réactionnaires n’ont pas encore pousséà la roue du vieux char biblique, rien n’indique dans leur attitude u: déplaisir ou une inquiétude, ’fout au contraire, il faut voir en ce quasi silence une marque de joie. Ces bons politiques se.frottent les mains ! leur territoire sera peut-être évacué.

Mais un courant est créé. Il ne faut pas qu’ils prennent d’importance. Il faut que les Israélites restent en exil tant que la cause occidentale ne sera pas perdue, tant que ne sera pas écrasé cet esprit latin, grec, anglo-saxon,allemand, qui est la plus terrible menace contre l’esprit. De Paris à Rome, de Londres à New York, d’Oxford à Hambourg,la maladiedevient chaque jour plus agressive.La vieille Sadiquede Genève prétend séquestrer l’âme. Les dernières libertés sont menacées. Droit à l’opium, droit à l’alcool, droit à l’amour, droit à l’avortement, droit cle l’individu à disposer de lui-même,voilà ce que les sinistres bonzesde la Sociétédes Nations sont en train de ruiner (l).

Et c’est au moment où le monde a besoinries trente deniers sacrés, conservés par vous, que vous prétendez fuir ! L’idée seule d’une retraite possible doil vous révoltercontre les faibleset les lâches parmi vous. Le jour approche,votre jour. Cette fois, c’est une question de vie ou de mort, pour tout ce qui vaut d’être vécu cl défendu. Les trente deniers de Judas n’oill pa3 été donnés en vain. Vous les avez conservéspour racheterles rares qui valent la peined être sauves. Ne les gaspillez pas à défricher des terrains sentinientaux.

C’est un trésor que tout l’or du monde ne pourrait s ervir à vous racheter.

ROBERTDESNOS.

(1) A signaleraussicettefemmedes hlire il ne pas fréquenterqui, <lelegueeà cet acropnge,a pourmission «tecombattrela litldrntureobsci’ne(!)