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CHRONIQUES

importent les moyens de la perte ; (a ne regarde pas la société.

Nous avons bien démontré, n’est-ce pas, qu’elle n’y peut rien, elle perd son temps, qu’elle ne s’obstine clone plus à s’enraciner dans sa stupidité.

Et enfin nuisible.

Pour ceux qui osent regarder la vérité en face, JACQUESVACHE,par lui-même.

on sait, n’est-ce pas, les résultats de la suppression de l’alcool aux Etats-Unis : Une super-production de folie : la bière au régime de l’éther, l’alcool bardé de cocaïne que l’on vend clandestinement, l’ivrognerie multipliée, une espèce d’ivrognerie générale. Eref, la loi du fruit défendu.

De même, pour l’opium

L’interdiction qui multiplie la curiosité de la drogue n’a jusqu’ici profité qu’aux souteneurs de la médecine,du journalisme,de la littérature. Il y a des gens qui ont bâti de fécales et industrieuses renomméessur leurs prétenduesindignations contre l’inoffensive et infime secte des damnes de la drogue (inoffensive parce que infinie et parce que toujours une exception), cette minorité de damnés de l’esprit, de l’âme, de la maladie.

Ah ! que le cordon ombilical de la morale est chez eux bien noué. Depuis leur mère, ils n’ont, n’est-ce pas, jamais péché. Ce sont des apêitres, ce sont les descendants des pasteurs ; on peut seulement se demander où ils puisent leurs indignations, et combien surtout ils ont palpé pour ce faire, et en tout cas qu’est-ce que ça leur a rapporté.

Et d’ailleurs là n’est pas la question. En réalité, cette fureur contre les toxiques et les lois stupicles qui s’en suivent : l° Est inopérante contre le besoin du toxique, qui, assouvi ou inassouvi, est: inné à l’âme, et l’induirait à des gestes résolument anti-sociaux, mêmesi le toxiquen’existait pas. 2° Exaspère le besoin social du toxique, et le change en vice secret.

3° Nuit à la véritablemaladie, car c’est là la véritable question, le noeud vital, le point dangereux :

Malheureusementpour la médecine,la maladie existe.

’foutes les lois, toutes les restrictions, toutes les campagnes contre les stupéfiants n’aboutiront jamais qu’à enlever à tous les nécessiteux de la douleur humaine, qui ont sur l’état social d’imprescriptibles droits, le dissolvant de leurs maux, un aliment pour eux plus merveilleuxque le pain, et le moyen enfin de repénétrer dans la vie.

Plutôt la peste que la morphine, hurle la médecine officielle plutôt l’enfer que la vie. Il n’y a que des imbécilesdu genre de J.-P. I.iausu (qui est pour le surplus un avorton ignorant) pour prétendre qu’il faille laisser des malades macérer dans leur maladie.

Et c’est ici d’ailleurs que toute la cuisteric du personnage montre son jeu et se donne libre carrière : au nom, prélend-il, du bien ’général. Suicidez-vous, désespérés, et. vous, torturés du corps et de l’âme, perdez tout espoir. Il n’y a plus pour vous de soulagement en ce monde. Le monde vit de vos charniers.

lit vous, fous lucides, tabétiques, cancéreux, méningitiques chroniques, vous êtes des incompris. Il y a un point en vous cpie nul médecin ne comprendra jamais, et c’est ce point pour moi qui vous sauve et vous rend augustes, purs, merveilleux: vous Êtes hors la vie, vous êtes au-dessus (le la vie, vous avez des maux que l’homme ordinaire ne connaît pas, vous dépassez le niveau normal et c’est de quoi les hommes vous tiennent rigueur ; vous empoisonnez leur quiétude, vous êtes des dissolvants de leur slabi-