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CHRONIQUES

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scientes et apprises des éléments que l’écrivain trouve tout fabriqués dans sa mémoire. Mais en vérité nous avons toutes lès raisons du monde pour croire que l’élément direct et simple que constitue la touche du pinceau sur la toile porte sens intrinsèquement, qu’un trait de crayon est l’équivalent d’un mot. Les premiers tableaux cubistes : aucune idée préconçue ne venait imposer le souci d’une représentation quelconque ; les lignes s’organisaient au fur et à mesure qu’elles apparaissaient et pour ainsi -lire au hasard ; l’inspiration pure, semblet-il, présida à cette manière depeindre, avant que celle-ci trouvât en elle-même un modèle et réintégrât le goût dans ses anciens privilèges. A chaque seconde i était permis au peintre de prendre un cliché cinématographique de sa pensée et, comme sa pensée s’appliquait parfois aux objets qui l’environnaient, il inventa le collage qui lui Tendait aisé l’emploi de figures toutes faites dent son imagination pouvait instantanément disposer. Coups de pinceau ou paquets de tabac, la peinture n’a jamais eu la tête plus près du bonnet. AndréM<tsson.

Admirons les fous, les médiums qui trouvent moyen de fixer leurs plus fugitives visions, comme tend à le faire, à un titre un peu différent. , l’homme adonné au surréalisme. Nous pouvons considérer, dans le cas particulier que nous envisageons, les oeuvres plastiques de ceux qu’on appelle communément fous et médiums comme parfaitement comparables ; elles se présentent schématiquemcnt sous deux aspects :

ou les éléments plastiques se présentent à l’esprit comme des touts complexes et indivisibles et sont reproduits aussi sommairement que possible — un arbre, un bonhomme. Ces éléments sont pour ainsi dire notés au fur et à mesure qu’ils parviennent à la conscience : une maison, le cheval y pénètre qu’un crabe monte à califourchon et le soleil dans le crabe. Cela pourrait aussi bien s’écrire comme on voit ; en tout cas un dessin rapide et rudimentaire peut seul convenir à ce genre d’expression.

ou bien.—

et c’est ici que nous touchons

à une activité véritablement surréaliste — les formes et les couleurs se passent d’objet, s’organisent selon une loi qui échappe à toute préméditation, se fait et se défait dans le même temps qu’elle se manifeste. Bon nombre de peintures de fous ou de médiums offrent ainsi à la vue des apparences insolites et témoignent des ondulations les plus imperceptibles du flux de la pensée. On pourrait poser en équation algébrique qu’une telle peinture est à x ce qu’un récit de médium est à un texte surréaliste. Parbleu !

Mais qui nous fournira la drogue merveilleuse qui nous mettra en état de réaliser x ? et quelle jalousie n’éprouvera pas le peintre à considérer les ténèbres que se procure à elle-mêmel’écriture surréaliste. Car toute la difficulté n’est pas de commencer, mais aussi d’oublier ce qui vient d’être fait, ou mieux do l’ignorer. Fermer les yeux, user d’un cache, s’astreindre à ne fixer qu’une portion de la toile, tous les moyens de bouleverser l’habituelle orientation de la vue sont des procédés bien enfantins et qui tombent à côté. 11ne s’agit pas de mutiler une technique mais de la rendre, autant qu’il est possible, inefficiente.

Aujourd’hui nous ne pouvons imaginer ce que serait une plastique, surréaliste qu’en considérant certains rapprochements d’apparence fortuite mais que nous supposons dûs à la toute puissance d’une loi intellectuelle supérieure, la loi même du suiréalisme. Quel est donc cet homme que nous voyons, sur la tête, gravir d’un qeste paresseux les degrés d’un escalier qui ne mène nulle part ? Quel est ce Man Ray, notre ami, qui d’objets de première nécessité fait, à l’aide du papier sensible, des objets de dernier luxe ? Quelle est cette femme blanche qui passe en auto-car parmi des hommes à haut chapeau ? MAXMOUISE.