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dans l’empire entier. Les droits des citoyens ſont antérieurs à la ſociété ; ils lui ſervent de baſe : l’Aſſemblée Nationale n’a pu que les reconnoître & les déclarer ; elle eſt dans l’heureuſe impuiſſance de les enfreindre : elle n’a pu en détourner les yeux, lorſqu’elle a été obligée de prononcer ſur les propoſitions que les députés des Colonies ont faites à la tribune.

Ils y ont expoſé que leurs commettans jugeoient utile & même néceſſaire, qu’ils déſiroient vivement que l’on conſervât une claſſe intermédiaire entre les perfonnes non libres & les citoyens actifs ; claſſe qui jouiſſant des droits civils, ne voit encore les droits politiques que comme une expectative honorable & avantageufe aſſurée à fes deſcendans. Ils ont cru que l’initiative des Colonies devoit avoir lieu pour la détermination de cette claſſe intermédiaire ; ils ont réclamé cette initiative comme une conſéquence du décret du 28 mars, qui au contraire l’excluoit ſur ce point ; ils ont propoſé d’attendre que les Colonies ſe fuſſent expliquées relativement à ce qu’elles croiroient convenable de faire pour leurs citoyens libres qui ne ſeroient pas entièrement de race Européenne.

Sans doute, & ils ne l’ont pas diſſimulé, ils ne ſollicitoient pour les colons blancs, le privilège de l’initiative ſur ce qui concerne les hommes libres d’une autre couleur, que pour ménager aux aſſemblées coloniales l’avantage de reconnoître & d’aſſurer elles mêmes les droits de cette claſſe de citoyens. Mais ce vœu qu’il eſt toujours honorable d’avoir déſiré d’émettre, l’Aſſemblée Nationale n’a pas dû l’entendre lorſqu’il s’agiſſoit d’un droit naturel, ſocial & poſitif, déjà