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pas faits, qu’ils étaient hors d’état de faire, & que leur avidité ne ceſſait pas d’épuiſer[1].

Sous ces lois excluſives & barbares, toujours enfreintes par les Colons & les Adminiſtrateurs, toujours vainement réclamées par les Négocians, les Colonies ont éprouvé de grandes détreſſes : elles ſe feraient détruites, ſi la hardieſſe des ſujets & l’humanité de ceux qui gouvernaient, n’avaient pas bravé la rigueur de ces réglemens injuſtes qui s’anéantiſſaient par leur cruauté même. La navigation a été négligée, & tous les armemens qui exigent de l’économie, ont été abandonnés à des Peuples moins favoriſés par la Nature, mais excités par de meilleures lois.

Les Négocians de nos ports n’ont point ceſſé de s’enrichir & d’être remplacés par des hommes nouveaux, qui ſe ſont enrichis à leur tour, tandis qu’il a fallu quatre générations pour former ces grandes ſucreries qui ne ſont pas encore à leur plus haut degré de produit : la Colonie de Saint-Domingue n’eſt pas à la moitié de ſa culture. Ce retard eſt provenu du défaut

A iij
  1. Il eſt de fait que les Négocians de la Métropole n’ont pas introduit la moitié des Nègres qui ont été apportés à Saint-Domingue depuis l’établiſſement de cette Colonie.