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des vôtres. Pardonnez-moi la brièveté des réponses. J’aimerais bien à les faire longue avec vous, si j’étais moins occupé.

Salut et fraternité.

J.-B. LOUVET, du Loiret.

Quintidi prairial an III.

Nous venons d’échapper à quatre jours d’un danger perpétuel, et le plus grand que nous ayons jamais couru. Le 1er prairial, Féraud fut tué à la tribune, comme il allait y monter, à la place que j’y occupais cinq minutes auparavant. Nous sommes restés sous les baïonnettes des assassins depuis midi jusqu’à onze heures du soir. Ma digne femme avait trouvé moyen de se mêler avec les brigands, avec eux elle est entrée. Elle était venue s’asseoir auprès de moi, n’ayant pas l’air de me connaître, et ne pouvant combattre que par son silence les outrages, les imprécations, les menaces de toute espèce qu’on nous prodiguait. Nous sommes restés ainsi jusqu’à onze heures, que de dignes gens vinrent nous délivrer, après que Bergoeing et Kervélégan se furent ouvert un passage avec quelques braves, le sabre à la main. Nous sommes restés jusqu’à onze heures, et à minuit nous devions être massacrés.