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séance tragique du 1er prairial. On y verra que Mme Louvet était auprès de son mari à cette heure de péril. Cette circonstance est d’ailleurs rapportée par La Revellière-Lépeaux dans ses Mémoires (t. I, p. 228-225). Elle est attestée aussi par un autre témoin oculaire [Moniteur du 13 juin 1795). Ce que ce témoin ajoute — sur Louvot — et ce que celui-ci ne dit pas à Villenave, c’est que, voyant qu’on allait massacrer sur place un des insurgés, il l’avait couvert de son corps.

CL. Perroud.


Au citoyen Villenave,
rue Vignolle, n°2, cours de la Fédération, à Nantes.


Votre lettre, digne citoyen, m’a péniblement affecté. Ce qui se passe chez vous se passe sur presque tous les points de la République. Il est assez simple que vous soyez réputé terroriste dans Nantes, quand on s’efforce de me donner cette odieuse qualification à Paris. On a longtemps proscrit les républicains sous différents prétextes ; il y manquait celui-ci, le plus absurde de tous. Et c’est ainsi qu’ils feront jusqu’au triste jour où il leur sera donné de nous honorer, dans leur fureur, du seul titre qui nous convienne, celui de républicains. En attendant, il faut combattre, et combattre encore : une aussi belle cause ne devrait pas être abandonnée, même après qu’elle serait perdue.

Je voudrais bien vous trouver ici quelque occupation, mais d’abord vous savez qu’il y a foule. Si le mérite passait le premier, peu de gens passeraient avant vous. Malheureusement, c’est l’intrigue qui domine au sein de notre triste République.

Ensuite les denrées sont ici tellement rares et chères que les fonctionnaires publics ne peuvent vivre avec leurs appointements. Je chercherai néanmoins ; j’en ai parlé à Lanjuinais, Lanjuinais qui prend à vous un intérêt vif, et m’a promis de saisir la première occasion au Comité de législation.

Donnez-moi de vos nouvelles, je vous prie, et des nouvelles