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lois restrictives qu’il faut. Comme le dit M. Letourneau, les privilégiés savent trop bien reprendre d’une main ce qu’il leur échappe de l’autre ; c’est une révolution sociale qui s’emparera de la richesse sociale pour la mettre à la disposition de tous et qui, détruisant les privilèges, mettra les privilégiés dans l’impossibilité de reprendre ce qu’on leur aura arraché.


FOLLE ! !!

Is ont dit Louise folle ! !!

Evidemment, pour ces jouisseurs égoistes qui n’ont jamais senti d’autre impulsion que celle de l’intéiêt personnel, ils sont fous tous ceux qui se dévouent à une idée ; tous ceux qu’enivre le saint amour de la justice ; tous ceux qué l’iniquité exaspère, par cela seul qu’elle est l’iniquité, sans qu’ils âieni besoin pour cela d’en sentir les atteintes. Tous les lutteurs convaincus, tous les “ombattant- désintéressés, tous les martyrs sont fous ; il n’y a de sages que les Joseph Prud”homme en bas et les charlatans en haut, car eux seuls travaillent dans ua but d’intérêt. Bien ! Cest entendu, mais qu’ils prennent garde, Il y « dix-huit cents ans, au milieu d’ene société corrompue comme la nôtre, quelques fous apparurent ; ils disaient : Que l’esclave était l’égal de son maître ; que l’homme se mesurait à sa seule valeur morale ; que le crime seul est infamant, et le supplice infligé au juste une giorification qui lui mérite les honneurs suprêmes ; i !s arboraient sur leurs autels, à la place des anciennes divinités, le gibet infaâme d’un supplicié de la dernière catégorie ; suprêmé folie, qui ne pouvait que les metire au ban du Vieux monde et annihiler leurs efforts, et cependant, après avoir employé contre eux tous les moyens d’action, tout l’apparei ! ’de la puissance romaine, le Vieux monde a dû se soumetire.

la pris il est vrai aussitôt sa revanche, triomphant avec Constantin, le Christianisme a cessé d’être l’élan des masses vers l’idéal de Justice que poursuit sans cesse l’humanité, pour devenir à son tour une hiérarchie oppressive ; c’est qu’il avait conservé dans son sein le germe de mort, le vieux principe d’autorité. Les hommes d’autorité qui, quelques siècles plus tôt eussent cherché honneurs et privilèges en revêtant les insignes sacerdotaux des prêtres de Jupiter, les ont retrouvés comme évêques chrétiens ; ils ont commandé et opprimé ; îls se sont enrichis au nom du Dieu du Calvaire comme ils l’auraient fait à une autre époque au nom de- Dieux de l’Olympe.

Folie ! eh bien soit ; Jeanne d’Arc aussi était folle ; si Jésus avait pu comparaître devant vos aliénistes, ils l’auraient dit fou lui aussi ; ils sont tous fous, les penseurs qui ne songent pas à vendre leurs convictions pour s’en faire des rentes : Colomb était fou ; Galilée était fou, à quoi bon s’exposer aux tortures pour affirmer que la terre tourne ? Babœuf et Darthé étaient fous, au lieu de s2 faire guillotiner, ils auraient mieux fait de réclamer une place d’expéditionnaire dans un ministère ; Saint-Simon et Fourier étaient fous eux aussi. Si au lieu d’attaquer les privilèges des riches, ils avaient écrit de beaux livres pour les justifier, comme les Leroy-Beaulieu de l’économie orthodoxe, au lieu äe végéter dans la misère ils auraient eu des chaires dè professeurs grassement rétribuées ; fous les communards qui se font fusiller ; fous les nihilistes qui se font pendre ou envoyer en Sibérie, tous fous évidemment ; prenez garde cependant, ce sont les fous qui mènent le monde ; ils ont une force que ies jouisseurs ne peuvent avoir ; l’énergie du dévouement désintéressé, la foi absolue dans la justice fature, cette foi qui transporte les mones.

‘ous ne pouvez les acheter, ils ne demandent rien.

| arrêté

LA RÉVOLTE

Vous ne pouvez les intimider, ils ne craignent rien.

Tremblez devant eux, vous qui défendez les privilèges du Vieux monde.

NOUVEMENT SOCIAL

France

Lyon. — Le camarade Jahn vient encore d’être à Lyon.

Il vient d’être condamné à un mois de prison pour outrages aux agents et port d’arme prohibés. Lyox. — À la suite de la condamnation de notre ami Cadeau, nous avons organisé une grande réunion publique pour répondre au réquisitoire du substitut du procureur de la République. Celui-ci, tout en accusant les anarchistes d’être des voleurs ct des assassins avait dit à Cadeau que ceux qu’on avait arrêtés à Lyon le 1 mai ne voulaient rien avoir de commun avec lui, Le premier orateur, Paul Bernard, à donc, aæx applaudissements de la salle entière, solidarisé les anarchistes de Lyon avec Cañeau, puis il à fait le procès de la police et de la magistrature. Après lui, Jnha à pris la parole et a puissamment développé l’idée anarchiste. Les grévistes gaziers venus en grand nombre à notre réunion étaient tout surpris d’enteadre un pareil langage, tellement en désaccord avec ce que les journaux bourgeois racoutent de nous.

  • &

Troyes, — Dimanche dernier 29, il y avait conférence au Salon de Mars. Malgré ia réclame du canard radical le Petit Tro ; 53 personnes seulement ont répondu à l’appel du Parti ouvrier socialisterévolutisnnaire ( !).

La séance est ouverte à 3 h. 1/2, sous la présidence d’un ex-ouvrier bonnetier, le citoyen Frissung, aujourd’bui adjoint au maire de Troyes, directeur de la Caisse d’épargne et mastroquet. Prodent-Derviilers, conseiller municipal de Paris, prerd la parole etraite la question des huit heures : « Cette loi des Huit heures, déclare-t-il, profitera autant aux bourgeois qu’aux ouvriers, car le seul avantage qu’en retirerout les ouvriers sera un avantage purement moral : leur cerveau moins fatigué par suite de la diminution du temps de présence à l’atelier, leur permettra d’étudier davantage les questions sociales. Je déclare bien haut, dit-il, que Ja production par ouvrier ne diminuera pss, qu’il fera autant d’ouvrage en 8 heures qu’en 12 ; exemple : l’ouvrier auglais en 9 heures produit presque le double du français ea 12 ».

La conclusion de ce discours est que la loi de Huit heures ne fera pas augmenter les salaires, ne fera pas cesser le chômage, puisque l’ouvrier produira autant avec une journée moindre. Alors les beiles déclarations du collectiviste Pédron, quelques jours avant le 1 mai, étaient tout simplement du « battage ? » C’’est ce que les anarchistes ont toujours ensé.

Gaumeau, un autre bouffe-galette, prend la parole

et invite les ouvriers à se grouper. IL cite l’exemple des Danois, des Belges, des Allemands, etc. qui, par leurs formidables associalions sont prêts à entrer en lutte avec le Capital, en lulte pacifique, car Gaumeau répudie Jes moyeus violents ; ce qui ne l’empéchera pas du reste, quand la frontière sera menacée par les potenta !s allemands, de courir à la trouée des Vosges et d’y faire son devoir en bon patriote qu’il est (sic).

Socialisme et chauvinisme, quelle salade ! La séance est levée à 5 h. 1/2.

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Sr-ErIENNe. — Après neaf jours de grève, nos mineurs sont redescendus sans avoir rien oblenu si ce n’est le renvoi d’un certain nombre d’entre eux, que les compagaies considèrent comme les têtes des syndicats.

Tous les jours, dans les réunions, on acclamait la grève générale, on envoyait des délégations à M. le préfet qui, en roublard qu’il est, s’empressait de les recevoir en leur disant qu’il interviendrait auprès des compagnies pour arriver à un arrangement sachant bien que par ce moyen ils se lasseraient, les ouvriers n’ayant rien tandis que les compagnies ont les millions ; puis, finalement, lorsqu’il & vu quele mouvement ne devenait pas général, il les a envoyés promener en leur disant que le meilleur moyèn d’arrarger l’affaire était de reprendre le travail, et les mineurs abattus et découragés sont redescendus comme auparavant. Voilà ce qu’ils obtiendront toujours à rester bien sages et à faire la grève des bras croisés que leur conseille les endormeurs.

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s

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Le compagnon Says, arrêté le 27 avril à Lyon avec les autres camarades, a fait 48 jours de prévention dans la prison de Saint-Paul de Lyon, malgré l’ordonnance de non-lieu quia été lancée coatre lui. C’était pour l’expulser,

Il est parti de Lyon le 14 juia au matin et a fait quatre jours et cinq nuits de voiture cellulaire pour arriver à Saint-Julien. Arrivant là-bas, on lui mit les menottes et le fit descendre : puis il fat conduit à pied pendant une heure (c’était la nuit) jusqu’à Perli. On le remet entre les mains des gendarmes suisses, qui le conduisent à pied à Genève. Ici, il rests encore arrêté depuis quatre heures du matin jusqu’à dix heures et demie.

A la frontière, les gendarmes suisses ns l’ont reçu qu’après s’être convaincus que le camarads n’était pas « étranger ».

Ajoutons encore qu’avec les camarades de Lyon, on s’est conduit comme avec ceux de Paris. A Says, on lui refuse de prendre ses effets, ou même ‘de correspondre avec qui que ce soit. De même on a refusé sa demande d’être mis au commun, de peur qu’il fasse de la propagande, Pour cela, ils avaient raison les geôliers, mais à chaque cccasion, nous constatons que lorsqu’il y à un anarchiste d’arrêté, on le maltraite.

  1. Fx

Finminy, — Les mineurs syndiqués de Roche-la-Molière et de Firminy ont décidé de convier tous les travaill urs à un banquet monstre à deux francs par tête qui aura lieu le 13 juillet, en plein air, sur un grand pré. On compte sur 2,000 convives. Une teile réunion ne peut avoir que de bonnes conséquences au point de vue de la solidarité dans les grèves futures, mais pourquoi fautil que des puérilités viennent gâter la circulaire qui convie les travailleurs à prendre part au banquet les deux sections syndiquées jureront de mettre en pra :ique la dev : Aimons-nous, aidons-nous. Personne ne devra commencer le coup de fourchette avant qu’ane salve d’artillerie n’en ait donué l’ordre. C’est peude chose dira-t-on. Evidemment, mais cela prouve que les organisateurs ne connaissent pas bien en les lois naturelles. La solidarité ne se pratiqu rce

qu’on à fait ls sermentde l’observer et elle s° quoiqu’on n’altaque pas le bœuf bouilli à là r minute.

ème

Il y a eu à Savone des troubles sanglants , les ouvriers révoltés onL tué plusieurs carabiniers et blessé un oflicier. Les détails manquent sur cette ol’aire, qu’on voudrait tenir secrèle.

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Vient de paraître un nouveau {ournal anarchiste : Chi Scamo

! (Qui nous sommes !) M. Paoletti, vià

Cairoli, 8, à Pesaro,

Angleterre

L’idée de grève fait partout de nouveaux adhérents, Les policemen de Lendres ont déjà tenu plusieurs mectings pour discuter la grève qu’ils se proposent de faire contrs les nouvelles régu ations introduites par le nouveau chef de la police. Le plus piquant de l’affaire, c’est que l’un des meetings a été tenu dans le local de la Fédération Social-démocratique et que l’un des orateurs en uniforme a prononcé un discours très accentué pour soutenir la grève immédiate,

Les meetings continuent, et ce sont les patrons qui cèderont.

D’autre part, l’idée de la grève générale fait son chemin, surtout en province. Partout elle est àccueillie avec transports. Au dernier meeting des r‘ volutionnaires socialistes de Londres, convoqué par la Ligue socialiste, les anarchistes ont vivement soutenu cette idée.

Le mouvement anarchiste commence à faire des