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LES

ENSEIGNEMENTS DE L’HEURE PRÉSENTE[1]


Messieurs, le principe fondamental sur lequel Le Play a établi son école est le respect et l’observation de la loi de Dieu : les lois et les mœurs d’une nation doivent s’imprégner de ses prescriptions sous peine de déchoir.

Les études du maître, ses judicieuses observations ont démontré que, dans le passé, toutes les nations qui avaient méconnu cette obligation avaient pu devenir, pour un temps, riches et puissantes, mais que leur richesse même, les habitudes qu’elle entraîne, lorsqu’elles ne sont pas épurées par le sentiment religieux, avaient été la cause de leur décadence et de leur ruine et que, plus le développement de leur opulence avait été rapide, plus rapide aussi et plus profonde avait été leur chute.

Cet abaissement ne monte pas du fond à la surface ; il se manifeste par l’oubli des devoirs chez ceux qui forment les classes dirigeantes et qui impriment au corps social tout entier sa direction et ses allures.

Tous les régimes, fussent-ils égalitaires à l’excès, comportent et exigent une direction donnée par quelques-uns et qui modifie les mœurs aussi facilement qu’elle change les lois. Dans les États monarchiques, cette direction est donnée par le souverain, par les dignitaires qui l’entourent, par les fonctionnaires qu’il nomme et aussi par cette élite de la nation qui représente la vertu, le talent, la fortune ; dans les gouvernements démocratiques et anonymes le souverain et son entourage sont remplacés par les élus du pays et par les hommes auxquels ceux-ci confient une part du pouvoir.

Lors donc qu’un symptôme alarmant se manifeste chez un peuple, c’est vers les classes dirigeantes que l’observateur doit porter ses investigations pour reconnaître et signaler les causes du mal

  1. Allocution prononcée par M. Ch. Welche, le 9 janvier, en prenant la présidence de la Société d’économie sociale.