d’y enseigner, sous prétexte qu’ils ne possèdent pas le diplôme de l’État. Sous le régime d’Abdul-Hamid surtout, cette guerre contre les écoles arméniennes était poussée avec le dernier acharnement.
Le Patriarcat arménien a publié la statistique de ses écoles, en 1901 et 1902, aux jours les plus sombres du régime d’Abdul-Hamid, cinq ans après les massacres. À cette date, les écoles dépendant du Patriarcat dans l’Arménie turque, étaient au nombre de 438 avec 36.839 élèves des deux sexes. Dans la Cilicie, il y en avait 90 avec 9.182 élèves. Dans les autres parties de l’Empire, il y en avait 275, avec 35.225 élèves ; soit, en tout, 803 écoles avec 81.226 élèves des deux sexes (Annexe N).
Il convient d’ajouter à ce nombre environ 250 écoles avec 3.000 élèves des deux sexes des communautés arméniennes catholique et protestante. Il faut aussi y ajouter les écoles privées. On arrive ainsi à un total approximatif de 1.200 écoles avec 130.000 élèves des deux sexes. C’est presque incroyable pour cette époque de terreur.
Les Arméniens n’ont pas manqué de mettre à profit la tolérance relative du nouveau régime sous ce rapport. Les écoles arméniennes se sont multipliées, particulièrement dans l’Arménie turque.
Il ressort d’une statistique toute récente, établie par le représentant du Patriarcat à Kharpout que, dans le seul vilayet de Mamouret-ul-Aziz, c’est-à-dire dans les régions de Kharpout, de Malatia, d’Arapguir, de Tchimizgazak, de Tcharsandjak et d’Eguine, le nombre des écoles s’est élevé de 73 à 220, celui des élèves, de 5.858 à 28.500.
D’après le rapport annuel (1912-1913), des Sociétés unies arméniennes, au cours des quatre dernières années, ces Sociétés ont ouvert de leur côté, en Cilicie et dans l’Arménie turque, 102 écoles nouvelles ayant 8.079 élèves des deux sexes. La Société des dames Azkanever a ouvert 36 écoles de filles ayant 3.270 élèves.
Si on prend aussi en considération les écoles des missions étrangères, protestantes et catholiques, on peut affirmer qu’actuellement, il y a dans l’Arménie turque environ 785 établissements arméniens d’instruction avec plus de 82.000 élèves, tandis que les Turcs peuvent à peine y compter 150 écoles avec, environ, 17.000 élèves.
Les Kurdes n’ont pas une seule école.
