Page:La Question arménienne à la by Zohrab Krikor bpt6k870174j.pdf/14

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 12 —


Commerce et Industrie.

L’importance d’une population se mesure, non seulement à son nombre, mais aussi, et surtout, à sa puissance économique, à son degré de culture.

À ce double point de vue, l’élément arménien représente, en importance, bien au-delà de la moitié de ces six vilayets.

Pour se former une idée de la puissance économique de l’élément arménien dans l’Arménie turque, nous présentons la statistique commerciale et industrielle du vilayet de Sivas, que nous avons pu établir aussi exactement que possible (Annexe M).

Le vilayet de Sivas est pour ainsi dire le moins arménien des six vilayets, et pourtant, on voit que toute son activité commerciale et industrielle est due, presque exclusivement, aux Arméniens.

Commerce : Dans l’importation, sur 166 négociants en gros, 141 sont arméniens contre 13 turcs et 12 grecs ; dans l’exportation, sur 150 négociants, 127 sont arméniens et 23 sont turcs. Sur les 37 banquiers ou capitalistes, 32 sont arméniens et 5 seulement turcs. Sur 9.800 boutiquiers et artisans, 6.800 sont arméniens et 2.550 seulement sont turcs, et 450 de différentes nationalités.

Industrie : L’industrie indigène présente le même tableau.

Sur 153 fabriques et minoteries, 130 appartiennent à des Arméniens, 20 à des Turcs et 3 (fabriques de tapis) à des sociétés étrangères ou mixtes. Le personnel technique de toutes les fabriques et minoteries est exclusivement composé d’Arméniens. Le nombre des ouvriers qu’elles occupent, s’élève à 17.700, sur lesquels, environ 14.000 Arméniens, 3.500 Turcs et 200 Grecs et autres. Il est superflu d’ajouter des commentaires à ces chiffres.


Instruction publique.

Tout le monde reconnaît, les Turcs comme les autres, que l’instruction est incomparablement plus avancée chez les Arméniens que chez les Turcs.

Depuis de longues années, le Gouvernement turc prélève sur toute la population, y compris les chrétiens, un impôt spécial pour l’instruction publique, sous forme de centime additionnel sur la dîme (hiséi-méarif). Bien entendu, il l’accapare au seul profit des écoles turques. Les Arméniens entretiennent leurs écoles par leurs seules ressources. Non seulement le Gouvernement turc ne leur accorde aucun secours, mais il met toutes sortes d’obstacles à l’instruction des Arméniens. Tantôt il refuse l’autorisation nécessaire pour l’ouverture d’une école ; tantôt il fait défense aux professeurs arméniens