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ce divin miracle. Tandis que tous s’inclinaient profondément, même le vieux roi douloureux, lui seul restait immobile. Ses yeux étaient comme appesantis de sommeil subit ; ce qu’il regardait avait l’apparence brumeuse du rêve. Il entendait que le roi lui parlait, mais il ne saisissait pas le sens de ses paroles, et ce qu’il répondait n’était pas ce qu’il eût fallu dire…

Quand, le lendemain, il s’éveilla dans la belle chambre où il ne lui souvenait pas d’avoir été conduit, nul valet ne s’empressa pour l’habiller : ses armes gisaient à terre en un coin. Les salles qu’il traversait étaient vides, derrière lui les portes se refermaient rudement ; dans la cour déserte son cheval, sellé et bridé, était attaché à un anneau. Il eût souhaité de rencontrer quelqu’un qui lui expliquât les étrangetés de ce château ; ne trouvant personne il monta et sortit ; après son passage le pont-levis se releva si vite que son cheval avait encore un pied dessus et faillit tomber.