IV
Reste l’intérêt moral des auteurs ; l’intérêt qu’un Corneille, un Racine ont à ce que des successeurs indifférents ne laissent pas tomber en jachère un héritage glorieux.
Il ne s’agit plus que des grands monuments littéraires et artistiques : car après les cinquante ans de jouissance réservés aux héritiers des auteurs, les chefs-d’œuvre seuls survivent. Ils sont connus, ils sont entre toutes les mains ; la postérité a commencé pour eux ; ils sont consacrés par l’admiration publique.
Dans cette situation, on vient nous dire qu’il dépend d’un héritier ou d’un éditeur d’étouffer cette gloire, d’éteindre cette lumière !
Et que nous propose-t-on pour remplacer l’intérêt d’honneur qui doit animer l’héritier du sang, ou l’intérêt d’argent qui doit pousser l’éditeur à tirer parti de sa propriété ? c’est le domaine public.
Le domaine public, dit-on, est le meilleur juge, et le libraire par excellence ; il n’a jamais laissé aucune gloire en jachère.
Ce sont là de grands mots, et rien de plus.
Le domaine public est exploité par des libraires