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352 LA PLUME.

BIBLIOGRAPHIE

Dans l’Oberland : Parmi les sources, par Mécislas Golberg (Albert Wolff éditeur).

— C’est en face de Lazare le Ressuscite, ce beau livre de plaintes, que »M. Pierre Quillard appelle « l’odyssee de l’homme souffrant et seul », un recueil delicat d’impressions, une suite de six motifs rustiques, ou Tamour m^le aux paysages, les comprend jusqu’a s’y confondre. Voici le Lac de Thoun ; « Le lac allait dormir. II se parait d’eaux calmes. II allait r^ver. Te rappelles-tu, charmeuse ! Le bois mort de Sptezberg, « vieux, tapisse de sombres mousses »... La chevauchee sur le Kanderthallypar des sites de torrents et de montagnes blanches... La Vallee de Lauterbrunnen a « Theure la plus chaude de la journee » pres du « sentier ou deja eclatait le grondement des eaux de Trttmelbach. » Nature violente, passion si forte que lescoeurs consumes se separent aussitdt apres s’^tre unis ! Milieux fugaces et emportes f Le poete a choisi, pour Fneure derniere de son amour, les plus beaux pay sages. Ecoutez-le : « La cime p41e de Wetternorn reposait sur un nuage. Le Schreckhorn levait ses comes neigeuses. Eiger sommeillait, enveloppe d’un voile d’epousee, et pres de lui le Moench austere drape dans Thabit dominicain, songeait aux cieux dont la lumiere a ouvert les gouffres. Et plus loin, c’etaitlariante Jungfrau qui pudiquement decouvrait son front de vierge. .. » M. Golberg a aime les Alpes aussipassionnement que Heine aima la mer du Nord. Mers et glaciers ne sont-ils point pareils ? Parmi les sources est un chant de consolation au coeur devastede Lazare. Il n’y a que depuis sa lecture que i*ai reellement compris les mots d’Obermann : « C’est dans les montagnes, sur leurs cimes paisibles, que la pensée, moins pressée, est plus véritablement active, l’homme des vallées consume, sans en jouir ; sa durée inquiète et irritable... »

E. P.


PRÉCIS DE SOCIOLOGIE
PAR G. PALANTE

Alcan éditeur.

J’ai eu peur (en débutant) que M. Palante ne fût traditionnellement agrégé de l’université — cela à cause d’un plan un peu pompier et de considérations introductoires telles que : « utilité de la sociologie » — « méthode en sociologie » — « définition de la sociologie » — le cauchemar lycéen : utilité d’une bonne définition... et retenue de promenade. Mais ce plan n’est mauvais que sentimentalement et par révolte immodérée ; il n’est point si maladroit, si inutile.

C’est un détail.

Quant au reste — l’essentiel — : une intelligence sûre, claire, instruite — sincère surtout — au travers de laquelle se réfracte heureusement une critique individualiste des doctrines sociales ; cette critique peut être l’appropriation de l’idée nietschéenne (les citations heureuses abondent), mais l’idée nietschéenne n’est-elle pas elle-même réfraction de l’idee stirnérienne (pourquoi M. Palante n’a-t-il pas souvent appelé Stirner en témoignage. — [c’est un grief]) ; et l’idée stirnérienne elle-même... sans aller jusqu’aux atlantes...

Il est rassurant que l’on affirme logiquement : « l’ennemi, le danger de notre démocratie, ce n’est pas la théorie individualiste des grands hommes — mais toute théorie qui, au nom d’un principe quel qu’il soit, abandonnera l’initiative, l’action individuelle à l’esprit grégaire...

« Cet égoïsme simple et franc (celui de M. Palante) vaut mieux que cet égoïsme complique et farci d’hypocrisie sociale que certains prônent sous le nom de solidarité, symbiose, etc... »

L’imbécile lecteur pourra se glorifier de posséder la science sociale après avoir lu le livre de M. Palante parce qu’il aura appris les très lucides synthèses que fait celui-ci ; mais il faut y voir dans cet ouvrage plus qu’un catalogue pratique (c’est dejà une valeur) de tous les catalogues des pontifes ; c’est un précis très utile comme répertoire complet quoique bref, c’est aussi une affirmation simple et très bien bâtie, qui contribue à la vitalité du moi.

P. J.


DERNIÈRES PUBLICATIONS

Pereat ! Ethopée, par le Sar Peladan, Ernest Flammarion, édit.

La Nouvelle Alsace, par Emile Straus, Bibliothèque de la Critique.

Illusion, par José de Campos, Chamael, édit.

Au gré du Rêve, par Paul Audricourt, P. Mouillot. édit.

Aux Flancs du Vase, poésies par Albert Samain, édit. du Mercure de France.

Giuseppe Garibaldi, e la sua Legione nello Stato Romano 1848-49, par Ermanno Loemnson, Roma, Società editrice Dante Alighieri.

L’éducation Amoureuse, par Paul André, Offenstadt, édit.

Vain Amour, Jacques Trève, Calmann Lévy, édit.

La Légende de Victor Hugo, par Paul Lafargue, Jacques, édit.

Les Deux Consciences, roman par Camille Lemonnier, Paul Ollendorff, édit.

L’Eau Courante, par Edouard Rod. Fasquelle, édit.

Heures savoureuses, poésies, par Arthur Simand, Lemerre, édit.

Ibsen et Mæterlinck, par Georges Leneceu, Ollendorff, édit.

Comme jadis Molière, par Serge Basset, Stock, édit.