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Astres de l’amitié, divinités charmantes !
Étoiles de l’amour, ô sereines amantes
Des soleils fécondants aux baisers radieux !
De l’Être universel membres harmonieux !
Il sait, il voit ! — Au loin, plus heureuse et plus belle
Aux desseins créateurs cessant d’être rebelle,
L’humanité surgit à ses yeux étonnés ;
Et de liens fleuris les peuples enchaînés,
Des concerts éclatants de leur joie infinie,
Chantent dans sa beauté la nature bénie !
Heureux ce juste, heureux ce sage, heureux ce Dieu !
L’amour et la science ont accompli son vœu ;
Et désormais sa vie est comme une onde pure
Qui dans un lit plein d’ombre et de soleil murmure,
Certaine qu’au delà d’un monde encor terni,
Elle se bercera dans l’arôme infini !
Pharaon ! le temps passe et tes paroles vaines
N’échauffent pas le sang qui se glace en tes veines…
Pharaon ! Pharaon ! le sceptre trop pesant
Va tomber à jamais de ton bras faiblissant ;
Le soleil de tes jours se voile de nuages…
Viens ! approche du port respecté des orages !
Le front ceint de lotus, calme et fort, l’œil baissé,
Apaisant le désir dont ton cœur est blessé,
Aux pieds sacrés d’Isis où ma voix te convie, !
Ô roi, voici l’empire ! — ô mort, voici la vie !


Leconte de Lisle.