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POÉSIES.




la recherche de dieu.


I


Pareil à l’épi mûr devant le moissonneur,
Me voici face à face avec la mort, Seigneur !
Je meurs de votre faim, Seigneur ! — L’étude austère
Ne m’a point emporté vers vous loin de la terre,
Et le globe et les cieux ensemble m’ont caché
Le souffle avec la vie, et je vous ai cherché !
Oh ! je vous ai cherché dans l’âge où l’on devine,
Où l’âme s’ouvre à vous comme une fleur divine,
Où la jeunesse ardente emplit d’un chant vainqueur,
Ainsi qu’un luth sacré, les cordes d’or du cœur !
Seigneur ! dans le long cours de mon pèlerinage
Un désir éternel a consumé mon âge :
Toujours vers votre face et votre sentiment
J’ai tendu les deux bras comme un fiévreux amant !
Et je n’ai rien trouvé que le fiel et la lie,
Au calice profond qu’épuisait ma folie…
Pareil à l’épi mûr devant le moissonneur,
Me voici face à face avec la mort, Seigneur !

Chanteurs sacrés, rois de la lyre,
Frappés du génie en éclats !
Ô vous qui supportiez ce céleste délire
Lourd comme un autre monde appuyé sur Atlas !