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Radieux firmament dont la subtile haleine
Sculpte en contours divins les beaux membres d’Hélène !
Où Faust, en vieillissant, par l’amour altéré,
Vers l’idéal qui sauve, ardemment attiré,
Sentira quelque jour la blanche Tyndaride
Mettre un souffle céleste en sa poitrine aride,
Puis, comme un cher fantôme exhalé du tombeau,
Ne laisser en tes mains qu’un fragile lambeau !
Terre et cieux ! c’est à vous que la fille du Cygne
De sa race divine a révélé le signe :
Victorieuse et nue en sa vivace ardeur,
Vous avez la beauté que revêt la pudeur !
De votre sein fécond Hélène révélée,
Pour un aveugle monde enfin s’est envolée ;
Et ce monde la voit et ne la connaît pas !
Dans l’inflexible cercle où cheminent ses pas,
Il gémit sous le poids de son ombre première,
Ne sachant point qu’Hélène est la toute-lumière !

Ah ! brisons ce vain rêve où notre cœur blessé
D’un regret inutile, ami, s’est trop bercé.
Nous n’avons point, aux flots que l’aviron argenté,
Poussé notre vaisseau des sables d’Agrigente ;
Nous n’avons point quitté le golfe de cristal
Où Parthénope rit de son gardien fatal,
Ni le bord libyen, ni la molle Ionie.
Nous ne sommes point nés à l’époque finie
Où, la mère des dieux, l’ardente antiquité,
Voulut vivre et mourir de sa propre beauté !
Non, non ! — sur la limite où notre âge chancelle,
Oh ! cherchons en avant l’Hélène universelle !
Non le marbre vivant, mais l’astre au feu si beau
Qui reluit dans nos cœurs comme un sacré flambeau !
La multiple beauté dont l’attraction lie
D’un lien d’amour, le ciel à la terre embellie,
Et qui fera tout homme, au moment de l’adieu,
Plus digne de ce monde et plus digne de Dieu !
Et disons : — forme, idée ! ô beauté, sois bénie !
Sublime identité d’où jaillit l’harmonie,
Sois bénie à jamais, sainte langue des dieux,
Toujours inépuisable en flots mélodieux !
Où l’astre inaperçu, l’oiseau dans la ramure,
Confondent leurs concerts, — où l’infini murmure !
Sois bénie à jamais, sur terre comme au ciel,
Toi par qui l’Amphion du culte essentiel