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Lorsque Charles IX sortit de Paris pour se rendre à Blois, il remarqua, non sans mécontentement, que son escorte comprenait les seigneurs catholiques les plus enragés contre les huguenots. Il en fit l’observation à la reine-mère qui, de son air le plus naturel, répondit qu’on donnait ainsi une preuve de bonne volonté à Jeanne d’Albret, puisque les conférences pour la paix auraient pour témoins ceux-là même qui paraissaient le plus tenir à la guerre.

De ce nombre, était le duc de Guise, plus brillant, plus souriant que jamais. Le maréchal de Damville faisait aussi partie de l’escorte royale. La veille du départ, Henri avait fait venir son intendant — son âme damnée — le sieur Gilles et avait eu avec lui un long entretien relatif aux prisonnières de la rue de la Hache.

— Tu m’en réponds sur ta tête, avait conclu le maréchal. Dans peu de temps, bien des choses seront arrangées. Et alors le roi fera un peu ce que je voudrai. Mon matamore de frère ira pourrir dans quelque Bastille. D’ici là, prudence, et veille nuit et jour.

Gilles jura que le maréchal trouverait à son retour les prisonnières où il les avait laissées.

— À propos, ajouta négligemment Damville, il y a dans les caves de mon hôtel, un cadavre dont il sera bon de se débarrasser.

— Le cadavre de l’enragé spadassin, fit Gilles. C’est bien simple, monseigneur. Nous le sortirons de là par une nuit obscure et nous irons le confier à la Seine.

Le maréchal approuva d’un signe.