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conclu que le prétendu cap de la Circoncision était la pointe septentrionale des Terres Australes, dont l’existence leur paraissait démontrée comme nécessaire à l’équilibre du globe[1]


  1. Les partisans de l’existence d’un continent austral trouveront l’assertion de La Pérouse hasardée ; néanmoins, sans prétendre que le cap de la Circoncision, découvert par Lozier Bouvet, appartienne à un banc de glace plutôt qu’à une île* ; sans résoudre le problème oiseux de l’existence d’un continent austral, puisqu’il ne peut être situé que par une latitude qui l’isolera éternellement du reste du globe, je dirai que les premiers voyages de Cook autour du pôle austral, ont assez décidé la question ; et que la discussion de le Monnier, pour prouver que Cook n’a pas cherché le cap de la Circoncision à sa vraie longitude, a perdu toute son importance**. En faisant ma profession de foi à cet égard, en disant que je crois à l’existence d’un continent austral, je ne pense pas néanmoins qu’il soit absolument utile à l’équilibre du globe. En effet, quel résultat de pesanteur peut produire une si petite protubérance sur une masse aussi énorme que le globe, dont la moindre différence d’homogénéité, dans les parties intérieures, serait capable de compenser la solidité superficielle !

    Quoique le capitaine Cook espère qu’on ne parlera plus du continent austral***, il sera peut-être utile, dans quelques siècles, de constater les progrès que peuvent faire les glaces vers l’équateur, et d’établir ainsi une preuve de l’ingénieux système de Buffon sur le refroidissement du globe. Mais il faut plusieurs siècles pour obtenir un résultat probable ; car, dans différentes années, et aux mêmes époques, les navigateurs ont rencontré les glaces à une plus ou moins grande latitude. Les pêcheurs de baleine, qui vont annuellement au Spitzberg, sont, dit-on, parvenus une fois jusqu’à un degré du pôle ; et un passage au Nord, qui paraît avoir été parcouru par Lorencio Ferrer de Maldonado, dont je parlerai ailleurs, n’a pu être retrouvé par nos plus intrépides navigateurs, qui ont constamment été repoussés par les glaces. (Note du Rédacteur.)

*. Le capitaine Cook ayant passé très au Sud des terres découvertes par Bouvet, le cap de la Circoncision ne peut appartenir à un continent austral.
**. Voyez les Mémoires de l’académie des sciences de Paris, année 1776, page 665 ; année 1779, page 12 ; deuxième Voyage de Cook, tome IV, page 109 et suivantes ; troisième Voyage de Cook, premier volume, page 425 ; et suivantes.
***. Troisième Voyage de Cook, tome IV, page 120.

Ces deux voyages devaient avec raison décourager des