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DE LA PÉROUSE.

l’un ni l’autre, et que se trouvant dans une position à ne pouvoir enlever des individus en nature, il se voie dans la triste nécessité d’abandonner un lieu sans pouvoir montrer à l’Europe une seule de ses productions : dans un cas semblable, il lui restera une ressource dont il peut faire usage, même dans des circonstances moins défavorables.

Tout le monde sait que les graines des végétaux tombent à mesure qu’elles mûrissent, et qu’une grande partie est entraînée par les eaux dans les lieux bas, ou portée par les vents sur les lisières des bois : en ramassant avec un balai, dans ces différens lieux, une masse de quelques pieds cubes de terre prise sur une grande surface, on sera sûr d’emporter beaucoup de semences de plantes indigènes ; et ces terres, renfermées dans des boîtes, après avoir été desséchées convenablement, conserveront les semences jusqu’en Europe. Nous en avons eu la preuve par l’envoi que nous a fait de Cayenne M. Aublet. Ce voyageur avait embarqué une soixantaine de caisses remplies d’arbres et de plantes précieuses de cette colonie : les arbres moururent en chemin ; mais les terres où ils étaient plantés, ayant été étendues sur une grande surface de couches couvertes de châssis, produisirent un grand nombre de plantes, dont plusieurs se sont conservées dans nos jardins. On peut donc user de ce moyen avec certitude du succès : il est même le seul qui, dans certains cas, puisse procurer quelques espèces de plantes.

Les parties de la fructification des plantes de la famille