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plus les étoiles de la petite Ourse ni celles de la grande. Il faut observer que Vespuce, en parlant de sa route, n’avait point égard à la déclinaison de l’aiguille aimantée, qui, à l’époque de sa navigation, devait être, dans ces parages, de 19 à 20 degrés vers l’est ; et qu’ainsi, cette route qu’il indique au sud-est, doit être regardée comme ayant valu à peu près le sud-sud-est : or, si l’on part de la côte du Brésil à 32 degrés de latitude, pour couper le parallèle de 52 degrés, par la route du sud-sud-est, le point de section se trouve à environ 44 degrés à l’occident de Paris, c’est-à-dire, un peu à l’ouest du méridien sur lequel on suppose que peut être l’isle Grande, et à cent quarante lieues environ dans le sud, un peu à l’ouest de cette isle. Vespuce, étant dans cette position, le 3 avril, fut accueilli d’un coup de vent de sud-ouest, qui l’obligea de courir à sec : il conserva cette allure jusqu’au 7, qu’il rencontra une terre nouvelle qu’il côtoya sur un espace de vingt lieues, et qui lui parut devoir être d’un difficile accès, sans port et sans habitans. Les marins conviendront que, sans rien forcer, on peut supposer que, durant les quatre jours que Vespuce a été poussé dans le nord par un vent de sud-ouest violent, il a pu faire, quoique naviguant à sec, trente-cinq lieues par vingt-quatre heures ; et qu’il a dû conséquemment être porté jusqu’au 45e degré de latitude, étant parti de 52 degrés. Ce qui peut donner un grand poids à cette opinion, c’est que Vespuce dit qu’en quittant la nouvelle terre, il s’estimait à treize cents lieues de la côte d’Éthiopie (