mois de mai était déjà avancé ; on entrait dans l’hiver de ces climats, et la Roche commençait à désespérer de sa navigation : ses inquiétudes s’accrurent encore lorsqu’il aperçut devant lui, à l’Est, une terre inconnue[1]. Il fit tous ses efforts pour s’en approcher et la reconnaître, et il parvint à gagner une baie, dans laquelle il mouilla près d’un cap ou d’une pointe qui s’étendait au Sud-Est ; il y trouva vingt-huit, trente et quarante brasses, fond de sable et de roche : il distinguait dans les terres, non loin de la côte, quelques montagnes couvertes de neige ; il y fut exposé à des vents très-orageux, et y séjourna quatorze jours. Le temps enfin s’éclaircit ; il reconnut alors qu’il était mouillé à une des extrémités de cette terre, et il découvrit au Sud-Est et au Sud d’autres terres hautes, couvertes de neige. Un petit vent de Sud-Est lui permit d’appareiller ; et, en faisant voile, il avait à l’Ouest la côte de ladite île[2], et les terres méridionales lui restaient au Sud et Sud-Est : il lui parut que le canal entre l’île et la terre avait environ dix lieues de largeur ; les courans le portaient avec une grande vitesse au Nord-Zst ; et, en gouvernant à l’Est-Nord-Est, il se trouva, dans l’intervalle d’une heure et demie, hors du passage, qu’il dit être fort court, parce que l’île nouvelle
- ↑ Cette terre, comme on le verra dans la note suivante, est la même que M. Duclos Guyot reconnut en 1756, et que le capitaine Cook, qui en a visité la côte septentrionale-orientale, en janvier 1775, a nommé île Georgia
- ↑ Ceci suppose, ce qui n’est pas dit dans la relation, qu’il avait mouillé à la pointe d’une terre qui avait une île à l’Ouest ou au Nord-Ouest.