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VOYAGE

différens peuples qu’il visitera dans le cours de son voyage.

Il s’occupera, avec zèle et intérêt, de tous les moyens qui peuvent améliorer leur condition, en procurant à leur pays les légumes, les fruits et les arbres utiles d’Europe ; en leur enseignant la manière de les semer et de les cultiver ; en leur faisant connaître l’usage qu’ils doivent faire de ces présens, dont l’objet est de multiplier sur leur sol, les productions nécessaires à des peuples qui tirent presque toute leur nourriture de la terre.

Si des circonstances impérieuses, qu’il est de la prudence de prévoir dans une longue expédition, obligeaient jamais le sieur de la Pérouse à faire usage de la supériorité de ses armes sur celles des peuples sauvages, pour se procurer, malgré leur opposition, les objets nécessaires à la vie, tels que des subsistances, du bois, de l’eau, il n’userait de la force qu’avec la plus grande modération, et punirait avec une extrême rigueur ceux de ses gens qui auraient outrepassé ses ordres. Dans tous les autres cas, s’il ne peut obtenir l’amitié des sauvages par les bons traitemens, il cherchera à les contenir par la crainte et les menaces ; mais il ne recourra aux armes qu’à la dernière extrémité, seulement pour sa défense, et dans les occasions où tout ménagement compromettrait décidément la sûreté des bâtimens et la vie des Français dont la conservation lui est confiée.

Sa majesté regarderait comme un des succès les plus heureux de l’expédition, qu’elle pût être terminée sans qu’il en eût coûté la vie à un seul homme.