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LA

FORMATION DES ÉTATS-UNIS[1]




UNE GUERRE DE CENT ANS (1689-1783).


L’étude approfondie des événements dont l’Amérique du Nord fut le théâtre pendant les dernières années du xviie siècle et la plus grande partie du xviiie permet de relever une erreur dans laquelle sont tombés la plupart des historiens européens. Ils ont attribué aux Anglais le renversement de la puissance française dans le nouveau monde. La prise de Québec leur a masqué les événements qui l’avaient précédée. L’importance de ce fait d’armes, ses conséquences, son caractère héroïque, les deux grands noms qui s’y trouvent associés ont seuls pu détourner un instant leurs regards de la lutte engagée en Europe sous les prétextes les plus divers et qui fut, en somme, un long duel à trois entre la France, l’Angleterre et l’Allemagne pour la prépondérance du vieux monde. Ils ont enregistré la victoire de Wolfe comme un des incidents prépondérants de cette lutte et ont négligé de s’apercevoir qu’elle était le couronnement et le résultat d’une série de victoires dont les Anglais n’ont jamais aimé à parler, parce que ce furent les Américains qui les remportèrent. Il n’est pas permis de les ignorer pourtant, car elles constituent l’avant-propos de la guerre de l’Indépendance. C’est dans ces combats que se fortifièrent et s’aguerrirent les milices

  1. Voir la Nouvelle Revue du 15 décembre 1896.