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LA FORMATION DES ÉTATS-UNIS.

autres, et auxquels on ne peut assigner d’origine commune, si lointaine soit-elle. Il semble aisé, par contre, de classer les tribus indiennes d’après le rôle qu’elles ont joué vis-à-vis de l’invasion blanche ; elles se ramènent alors à quatre groupes principaux : les Indiens Pueblos[1], dont les extraordinaires constructions parsèment encore l’Arizona et le Nouveau-Mexique, et qui devaient être, quoi qu’on dise, des représentants dégénérés d’une civilisation antérieure ; les Indiens de Floride, Seminoles, Cherokees, Choctaws, Cricqs, qui occupaient une vaste région s’étendant du golfe du Mexique jusqu’au Tennessee et alternaient la vie nomade avec la vie sédentaire ; les Indiens Dakotahs, qui ont donné leur nom à un État de l’Union et qui sont demeurés jusqu’au bout cruels et intraitables ; enfin, les Indiens de l’Est, les seuls qui prirent part au duel anglo-français de la fin du xviiie siècle. Ceux-là n’excèdaient pas deux cent mille. Ils se divisaient en deux confédérations rivales, celle des Algonquins et celle des Iroquois ou des « Cinq nations ». Une tradition vague, tenant plutôt de la légende, les représente à l’époque préhistorique, unis contre des ennemis inconnus, dans une lutte qui aurait duré cent ans ; mais lorsque s’ouvre la période historique, leur rivalité est déjà ardente. De 1500 à 1600, la puissance des Algonquins fut considérable. Toute la côte de l’Atlantique, depuis la rivière de Savannah jusqu’au détroit de Belle-Isle, leur était soumise, et les Iroquois se trouvaient comme emprisonnés au milieu d’eux. Puis leur astre décrut et les Iroquois grandirent et devinrent puissants à leur tour. Sans la venue des « visages pâles », ils eussent peut-être subjugué une grande partie du continent et atteint un certain degré de civilisation. On les a appelés les « Romains du nouveau monde ». Ils se distinguaient par une forte organisation sociale et par leurs vertus guerrières. Les

  1. Les Indiens Pueblos achevaient de disparaître devant l’occupation européenne. Les Indiens de Floride vécurent dans une paix relative avec les premiers colons, parce que la vie était facile sous le ciel du sud et que les points de contact étaient rares. Plus tard, ils défendirent leur territoire avec une énergie farouche. En 1822, les Seminoles n’étaient plus que 4,000 ; leur résistance armée se prolongea néanmoins jusqu’en 1840. Les Cherokees se civilisèrent ; malgré les persécutions qu’ils eurent à subir, ils ont prospéré. Ils sont aujourd’hui 22,000 ; ils cultivent 100,000 acres de terre et possèdent 5,000 maisons, 64 églises et 75 écoles qui leur coûtent 100,000 dollars par an. 13,000 savent lire et 18,000 parlent l’anglais. Quant aux Indiens Dakotahs, ils restèrent longtemps hors de portée et jouèrent, dans l’histoire des États-Unis, un rôle tardif.