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LA NOUVELLE REVUE.

qui lui servait de cadre, dédié aux dieux de l’Olympe ou du panthéon pharaonique ? La ville érigée par Hadrien avait-elle été bâtie d’un seul coup, sans qu’aucune fondation antérieure la précédât ? Toutes ces questions restaient insolubles, chacun les tranchait au gré de ses préférences, cherchant dans quelque passage obscur des historiens ou des Pères de l’Église la confirmation du système adopté par lui. Mais nul ne songea un instant à interroger les vestiges de cette grandeur éteinte et à leur demander le mot de l’énigme dont ils avaient conservé le dépôt.

III

Cet état de choses dura jusqu’à la fin du siècle dernier et la première tentative vraie, faite vers la recherche de la vérité, fut l’œuvre de la Commission d’Égypte, qui accompagnait l’expédition conduite par Bonaparte. Mais, imbue de l’engouement d’alors pour l’antiquité gréco-romaine, elle s’enthousiasma pour l’arc de triomphe, les portiques, l’hippodrome et le cirque d’Hadrien qu’elle entreprit de dégager. Pas un instant elle se demanda si, par delà cette efflorescence, une autre s’était manifestée ; si la ville romaine s’était substituée à une ville antique ou même, plus simplement, adossée à elle. Qu’importaient des monuments où, malgré toute la bonne volonté voulue, il était malaisé de reconnaître l’empreinte d’Athènes ou de Rome, alors que tant d’autres de la décadence latine étaient là, comme autant de témoins de l’une des périodes les plus romanesques de l’histoire des empereurs. L’on se contenta donc de recopier religieusement l’arc et l’hippodrome, pour en comparer les proportions à celles des arcs et des hippodromes de l’Italie, et si nous sommes autorisés à nous étonner de cette façon d’agir, c’est en constatant que ces édifices n’ont été qu’incomplètement fouillés et étudiés.

La retraite du corps expéditionnaire d’Égypte, les préoccupations politiques du moment furent sans doute la cause de cet abandon, et la Commission rentrée en France, l’oubli se fit de nouveau autour d’Antinoé. Puis, le contre-coup de tous ces événements déchaîna sur elle un nouveau désastre. Méhémet-Ali et ses successeurs, intronisés en qualité de souverains indépendants, voulurent prendre rang comme rois constructeurs. Seulement, loin de se donner la peine d’extraire la pierre de la carrière, ils trouvèrent