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LA NOUVELLE REVUE

entraînées par les courants marins ? Et les oiseaux migrateurs, ne peuvent-ils pas avoir emporté les graines de ces végétaux d’un continent actuel à l’autre, à travers l’océan Indien ?

Voilà certes des objections. Il est facile d’y répondre en ce qui concerne ce groupe de végétaux. Les Araliacées en question sont toutes des arbres ou des arbustes dont le fruit charnu renferme les graines. Immergées dans l’eau de mer, ces graines perdent presque immédiatement leur faculté germinative. Inutile donc d’objecter le transport possible par les courants marins. Mais, même dans l’air ordinaire, les graines des Araliacées tombant sur le sol ne conservent pas longtemps leur pouvoir de germer. Les graines tout récemment formées germent difficilement ; celles un peu plus âgées ne germent pas du tout. Le transport par les oiseaux (d’ailleurs peu friands des fruits d’Aralia) est donc inadmissible ; les grains qu’ils auraient amenés d’une terre à l’autre ne pourraient germer sur cette dernière. Au reste, si l’on suit les trajets possibles de ces oiseaux, on voit qu’ils volent d’une terre à l’autre en bien d’autres directions ; pourquoi ne transporteraient-ils pas ailleurs les graines de ces plantes ? Madagascar est plus près de l’Afrique que de l’Inde !

Et le continent Pacifique imaginé par M. Haug ? Existe-t-il des documents zoologiques ou botaniques qui paraîtraient confirmer son existence ?

Les débris actuellement émergés qui pourraient en faire partie sont très peu nombreux. On peut citer la Nouvelle-Zélande, la Patagonie, une partie des Andes du Chili.

Or, il existe précisément une grande affinité zoologique ou botanique entre la faune et la flore de la Patagonie et la faune et la flore de la Nouvelle-Zélande.

Des Poissons d’eau douce du groupe des Pélodryadés, de nombreux Mollusques terrestres et d’eau douce ne se trouvent absolument que dans ces deux contrées. Il en est de même de certains Vers du groupe des Oligochètes, etc.

D’autre part, des végétaux particuliers ne se rencontrent dans le monde entier qu’à la Nouvelle-Zélande et dans les montagnes du Chili. Tel est par exemple l’Azorella, petite plante des hautes montages.

On voit donc que ces documents étayent dans une certaine mesure l’hypothèse de M. Haug relative au continent Pacifique.