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L’ATLANTIDE ET LES CONTINENTS DISPARUS

ne reste plus que ces quelques représentants ; ceux-ci donnent une preuve de l’union ancienne de ces trois terres et, par conséquent, de l’émersion du fond de l’océan Indien à cette époque.

Interrogeons maintenant les botanistes ; ils vont nous fournir des arguments nouveaux en faveur de l’existence de cette ancienne masse continentale.

« Le nombre des espèces de Madagascar, de la Réunion et de Maurice, communes avec l’Inde et Java[1], dit Alphonse de Candolle, est si considérable, que je n’essaierai pas de les énumérer. » Les affinités botaniques entre l’Australie, l’Archipel malais et l’Inde sont également très nombreuses.

D’après un travail de Palacky, paru en 1905, il existe plus de 300 espèces de plantes communes entre l’Inde et Madagascar.

Un chapitre spécial de l’étude approfondie de la famille des Araliacées (famille de l’Aralia, du Lierre, etc.), publiée en 1906 par M. René Viguier, est consacré à cette question.

Cet exemple est tout à fait remarquable. Il résulte en effet de ce travail que les diverses tribus de cette famille représentées actuellement en Australie, dans l’Inde et à Madagascar ont des caractères communs qu’on ne trouve ni dans les Araliacées d’Amérique ni dans celles d’Afrique ou du continent asiatico-européen.

De plus, fait très important, ces plantes qui diffèrent assez peu entre elles, présentent cependant des divergences de second ordre, les unes à Madagascar, les autres dans l’île Maurice[2] ou dans l’Inde ou encore sur le continent australien.

L’hypothèse que ces Araliacées descendent de celles qui existaient sur le continent australo-indo-malgache et qu’elles se sont ensuite différenciées sur les divers lambeaux provenant de la dislocation de ce grand continent, s’impose donc à l’esprit devant ces résultats de la Géographie botanique actuelle exposés dans le Mémoire de M. Viguier.

Mais, dira-t-on, que savez-vous de tout cela ? Il y a bien d’autres hypothèses pour expliquer que des Araliacées assez semblables croissent et prospèrent à la fois sur tous ces débris de votre soi-disant continent ancien, plus ou moins australo-indo-malgache ? Est-ce que les graines de ces Araliacées n’ont pas pu être

  1. Et en même temps spéciales à l’ensemble de ces contrées, bien entendu.
  2. C’est ainsi, par exemple, que les Araliacées de Madagascar et de l’île Maurice ont entre elles de très nombreux caractères communs, mais celles de Madagascar ont toutes les fleurs disposées en ombelles comme des fleurs de Carotte, et celles de l’île Maurice ont toutes des fleurs disposées en épis, comme celles du Plantain.