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LA NOUVELLE REVUE

actuel d’une île autrefois plus grande, peut être établi sur une surface très étendue, en considérant les espèces communes à des îles ou continents actuels qui faisaient autrefois partie d’un grand continent unique.

Appliquons donc ce genre de recherches de Géographie zoologique et botanique aux cinq grands continents que les études géologiques ont fait supposer avoir existé pendant l’époque crétacée.

Au sujet de trois des continents énumérés plus haut et dont l’existence est la mieux établie, il suffit de dire que des formes communes d’animaux et de végétaux actuels confirment les vues des géologues.

Mais examinons, à l’aide de cette documentation zoologique et botanique, les deux autres continents, sur la configuration ou même l’existence desquels la Géologie ne nous a pas apporté des preuves irréfutables.

Considérons en premier lieu ce continent australo-indo-malgache, qui devait s’étendre alors à la place de l’océan Indien et qui comprenait Madagascar, Ceylan, l’Hindoustan et l’Australie.

Que nous disent, à ce propos, les zoologistes ou les botanistes ?

Sur les débris actuels de ce grand continent, on trouve des types d’animaux qu’on ne rencontre pas ailleurs et qui vivent maintenant à la fois à Madagascar, dans l’Inde et en Australie, ou tout au moins sur les deux premiers débris du continent (Madagascar et Inde). Tels sont des Crustacés plus ou moins analogues aux écrevisses, appartenant au groupe des Paraastacidés, et qu’on trouve dans les eaux douces de l’un ou l’autre de ces tronçons supposés d’un ancien continent. Impossible d’admettre que ces espèces, vivant dans les eaux douces, aient été transportées à travers tout l’océan Indien, de Madagascar jusqu’à l’Inde, par exemple, ou inversement.

Il en est de même pour un certain nombre d’oiseaux ou d’insectes, communs à ces trois terres actuelles, et qu’on n’observe jamais autre part ; pour un mammifère (le Pteropus) qu’on n’a jamais rencontré que dans l’Hindoustan et sur la grande île malgache.

On trouvera donc tout naturel de considérer ces animaux comme les témoins d’une ancienne faune qui existait à l’époque crétacée sur tout le continent australo-indo-malgache, et dont il