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L’ATLANTIDE ET LES CONTINENTS DISPARUS

et ces caractères font défaut à Bornéo, dans le sud de la Chine et en Australie. Donc, à cette période de l’histoire du Globe, l’île de Bornéo devait être reliée au continent asiatique, et une mer profonde séparait ce continent de celui qui comprenait l’Australie. Les îles actuelles de Java et de Sumatra faisaient partie du fond de cette mer.

Autre exemple plus frappant : des formations marines considérables s’observent à l’est de la Russie, depuis les bords de la mer Caspienne jusques y compris la Nouvelle-Zemble, dans l’océan Arctique actuel. Ces formations de mers profondes ont continué à se produire pendant l’époque crétacée. Il en résulte qu’un important bras de mer occupait alors toute la région de l’Oural actuel et séparait complètement l’Europe de l’Asie. L’axe de cette mer coïncide avec la limite artificielle qui sépare aujourd’hui la Russie d’Europe de la Russie d’Asie.

Inutile de multiplier ces exemples ; partout où, sur les terres actuelles, nous trouverons d’importants dépôts marins crétacés, c’est que les régions correspondant à ces terres actuelles étaient alors immergées.

Mais, comment concevoir maintenant, que ce qui est actuellement au fond des mers en des régions étendues puisse avoir été continental à l’époque crétacée ? S’il est possible d’avoir des preuves de l’existence ancienne d’océans là où sont actuellement des terres, comment avoir la preuve du contraire ?

Considérons deux portions de continents actuels qui se font face. Ni d’un côté, ni de l’autre, ne se trouvent de couches de roches correspondant à des dépôts marins de l’époque crétacée, mais les sédiments qu’on y trouve, antérieurs ou postérieurs à cette époque, semblent concordants. La mer qui les sépare aujourd’hui montre un fond plutôt bombé entre ces deux continents. Il paraît dès lors très vraisemblable de conclure de cet ensemble de dispositions que ces deux continents actuels étaient réunis entre eux par une masse continentale à l’époque crétacée. S’il en était autrement, comment ne trouverait-on ni d’un côté ni de l’autre aucune trace de sédiment crétacé ?

Au moyen de toutes ces considérations, les géologues admettent que, pendant la période que je prends pour exemple, il existait