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LA NOUVELLE REVUE

nière à courber les strates en les rendant concaves. Il en résulte, en outre, que l’épaisseur totale des terrains formés dans les mers profondes est beaucoup plus grande vers le milieu de la formation que sur les bords, et que, d’une manière générale, ces couches ne sont pas horizontales, mais plus ou moins inclinées. Enfin les animaux fossiles dont on peut rencontrer des vestiges dans ces formations bathyales sont analogues, parfois identiques, aux animaux qui vivent actuellement dans les mers profondes.

Nous voilà en présence de la notion des formations néritiques et des formations bathyales. Qu’allons-nous tirer de là ? Comment les géologues vont-ils pouvoir tenter d’esquisser la ligne de séparation des continents et des mers à une époque donnée, pendant la période crétacée, par exemple ?

A priori, l’application des considérations précédentes à la solution de ce problème paraît fort simple.

On a déterminé, sur toute la surface du globe, les roches sédimentaires qui correspondent à l’époque crétacée, par la nature de leurs fossiles et par la situation relative qu’elles occupent.

Ceci étant fait, il semble qu’il suffit d’étudier la nature de ces roches. Celles qui ont l’allure et les caractères de formations bathyales ont été produites dans des mers profondes. Là où elles existent, il y a eu certainement, et pendant une très longue durée, une mer de l’époque crétacée. Celles qui ont l’allure et les caractères de formations néritiques, avec interruptions dans les dépôts, correspondent à des régions où, durant l’époque crétacée, il y avait soit une mer peu profonde, soit un continent ; enfin, là où il n’existe aucun dépôt marin crétacé, la surface de la terre est toujours restée continentale à cette époque.

Très bien ! Cela se conçoit aisément ; mais à la condition que ces dépôts crétacés ne soient pas aujourd’hui enfoncés au fond des mers ; car comment aller là en étudier la constitution ? On n’a encore ouvert ni carrières ni mines dans les fonds sous-marins !

C’est évidemment là une grave difficulté, et il y en a d’autres. Le problème n’est pas facile, c’est entendu. Toutefois, essayons d’appliquer aux roches que l’on peut voir et étudier les principes qui viennent d’être établis. Prenons quelques exemples.

Considérons les îles de la Sonde. Celles du sud (Java, Sumatra), offrent des dépôts correspondant à l’époque crétacée qui ont les caractères des formations bathyales, des dépôts de mer profonde,