s’il eſt vrai, comme on le dit, que ce
ſont les nuits heureuſes qui font les beaux
jours, dans quelle triſte alternative nous
voyons-nous réduites. D’autres peuvent chanter
les faveurs de l’amour ; ils peuvent même
à loiſir en moiſſonner les roſes ; mais
il n’eſt réſervé qu’à nous ſeules d’en peindre
le déſeſpoir, & de nous nourrir de ſes
épines.
Voilà l’importune retraite qui ſonne la Priére ; il faut nous rétirer chacune dans nos chambres, ma chere Théreſe, crainte que la Supérieure, en faiſant ſa ronde, ne nous ſurprene, & cependant concerter quelque moyen qui nous procure l’avantage de paſſer la nuit enſemble : pour moi je n’en vois pas d’autre que celui de faire ſemblant de nous coucher, jusqu’à ce que Morphée ait enveloppé dans ſes agréables filets toutes les Surveillantes qui pourroient troubler nos innocentes intentions. Allez,