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LA NOUVELLE


qualité de fille bien née, de me conformer à ſes vues. Perſuadée d’ailleurs, qu’il étoit incapable de me tromper, unis par le ſang & l’amitié, comme nous étions, je croyois n’avoir de mieux à faire que de déférer à ſes volontés. J’avois été le premier & le dernier fruit de l’amour ; & les biens conſidérables dont je devois jouir un jour, ne contribuoient pas peu à me faire regarder pour un des plus riches partis de la Province. Joignez à cela que je n’étois pas indifférente par les qualités extérieures, & que quand même la Nature m’auroit refuſé le don de plaire par les charmes de la figure, on auroit trouvé dans mes richeſſes de quoi ſe dédommager d’un ſi foible avantage. Nous ne ſommes plus dans cet âge heureux, où l’on ſoupiroit à la maniere des Aſtrée & des Céladon. D’autres temps, d’autres mœurs ; c’eſt un axiome reçu. L’intérêt, oui, le vil intérêt, eſt aujourd’hui le